Pourtant, déjà, à cette même tribune, notre actuelle présidente de groupe prédisait l'échec de l'écologie punitive et, en la matière, le fameux « zéro artificialisation nette », plus communément appelé ZAN, détient certainement la palme d'or.
De ces objectifs de réduction de l'artificialisation des sols, les plus drastiques d'Europe, la plupart des maires ne retiennent que l'iniquité qui en découle : les communes qui ont le plus artificialisé ces dernières années pourront continuer sur leur lancée, tandis que les communes rurales ou peu peuplées, qui n'artificialisent que très peu, sont d'ores et déjà condamnées à une artificialisation nette nulle. Il y a deux ans, le rapport du Sénat était sans équivoque : si rien n'était fait, le développement de près de la moitié des communes françaises serait arrêté en raison d'enveloppes d'artificialisation nulles, ou presque nulles, pour la première période décennale s'achevant en 2031. Ce sera encore une fois aux petits, à ceux qui n'ont déjà plus grand-chose, de se sacrifier sur l'autel de l'écologie punitive pour contenter l'hybris qui vous pousse à légiférer sur la consommation des sols quand, depuis six ans, vous n'êtes capables d'élaborer que des politiques hors-sol.
Cette inconséquence sans borne menace jusqu'aux classes moyennes par le renchérissement du foncier qui, de facto, exclut celles-ci de l'accès à la propriété, en ville comme en ruralité. Quand certains appelaient à construire des Versailles pour le peuple, vous proposez aujourd'hui des Grigny dans la Creuse. La caricature est à peine exagérée : d'évidence, avec un déficit annoncé de 850 000 logements en 2030, le renouvellement urbain, qu'il passe par la réhabilitation des friches ou la renaturation, ne suffira pas à absorber la demande.
Pour respecter le ZAN et loger les citoyens que la hausse des prix du foncier privera de l'accès à la propriété, même en ruralité, il faudra plus d'immeubles collectifs et redécouper les bâtisses existantes pour loger plus de monde dans des locations moins spacieuses.