Notre monde est en proie à l'incertitude et à l'instabilité, et nous devons donc évoluer. Alors que se tient aujourd'hui le sommet de l'Otan à Vilnius, une question se pose : sommes-nous prêts à faire face à ce monde dans lequel les guerres de haute intensité sont de retour et où la guerre de l'information peut déstabiliser un pays ? Il est évident que nos lois de programmation militaire ne peuvent se limiter à garantir le fonctionnement des armées : nous devons repenser notre modèle d'armée pour faire face à ces menaces nouvelles et multiformes. Pour assurer une défense efficace, nous ne pouvons pas nous contenter d'additionner les euros : nous devons définir une vision stratégique et claire de notre défense, une vision qui anticipe les conflits de demain. Avec cette LPM de continuité, vous ne répondez que partiellement à ces interrogations légitimes.
Comme nous l'avons déjà dit, nous ne saurons répondre seuls aux conflits de demain et devons dès maintenant construire l'Europe de la défense. Nous déplorons toujours le manque d'ambition de la France en ce sens. Si nous sommes heureux d'avoir pu enrichir le rapport annexé sur ce sujet, force est de constater que cette LPM n'apporte aucun renforcement concret en la matière.
Pour faire face à ces enjeux, il convient d'impliquer davantage les parlementaires : s'agissant de la question démocratique, je tiens d'ailleurs à saluer l'adoption d'un amendement majeur, proposé notamment par Julien Bayou et soutenu par le groupe Socialistes, qui permettra la création d'une commission parlementaire d'évaluation sur les exportations d'armements.
Nous devons également souligner l'insuffisance de ce projet de LPM concernant les enjeux climatiques, l'une des plus grandes menaces à laquelle l'humanité est confrontée. Il est clair que pour y faire face, tous les secteurs de notre société doivent évoluer, y compris nos forces armées. C'est une question non seulement de responsabilité environnementale, mais aussi de sécurité nationale. Nos collègues sénateurs du groupe Écologiste-Solidarité et territoires, en particulier Guillaume Gontard et Mélanie Vogel, sont parvenus à faire adopter des amendements visant à ce que tous les Français qui le souhaitent trouvent leur place dans les armées : y figurent l'interdiction de mentionner l'orientation sexuelle dans le dossier individuel, et un objectif de féminisation à hauteur de 20 % d'ici à 2030. Nous sommes convaincus que la diversité des profils, des compétences et des sensibilités constitue un facteur d'enrichissement pour les forces de défense.
Enfin, ce texte essentiellement financier – reconnaissons-le – prévoit l'augmentation de 40 % du budget des armées. Sa nécessité est indéniable, mais tant d'autres services publics en auraient également besoin ! Je ne comprends pas que le ministre des finances fasse le tour des journaux pour annoncer une nouvelle cure d'austérité, alors que les Français continuent de subir l'inflation de plein fouet. Non seulement cette situation est profondément injuste ,