…dans des milieux toujours plus nombreux, afin de protéger les Français, en France et partout où cela sera nécessaire, comme cela a été le cas récemment à Khartoum avec l'opération Sagittaire.
Ma deuxième remarque concerne la méthode sur laquelle a reposé l'élaboration de cette LPM. Il n'échappe à personne que notre situation politique est complexe mais le processus d'adoption de ce projet de loi démontre que nous pouvons dépasser nos désaccords et nous rassembler quand l'essentiel est en jeu. Notre travail parlementaire fut un grand moment démocratique. La commission de la défense s'y est préparée depuis des mois mais le débat a été élargi bien au-delà de son périmètre. J'ai choisi de déléguer plusieurs articles à la commission des lois, tandis que la commission des affaires étrangères et la commission des finances se sont saisies pour avis. Autrement dit, la moitié des huit commissions permanentes de notre assemblée se sont penchées sur ce texte. Par ailleurs, j'ai demandé à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques (Opecst) de nous remettre un rapport destiné à évaluer les retombées civiles des innovations militaires. Enfin, la commission des affaires européennes s'est également saisie du texte.
Toutes les oppositions ont été entendues, chacune a pu faire adopter des propositions, souvent grâce au regard bienveillant de notre ministre. Les travaux au Sénat puis en commission mixte paritaire ont confirmé que nous pouvions bâtir ensemble pour la France et les Français.
Ce processus a également été l'occasion de faire passer des messages très clairs à nos alliés et nos compétiteurs : consacrer trois heures de débat à la dissuasion, voilà qui est de nature à conforter sa crédibilité et sa durabilité ; échanger longuement sur notre rôle dans l'Alliance atlantique et l'Union européenne, c'est montrer à nos alliés que nos engagements sont forts car ils sont réfléchis et partagés.
Cela étant, il me faut immédiatement préciser que notre travail ne fait que commencer, chers collègues. D'abord, parce que les effets concrets de cette programmation ne se manifesteront qu'à travers les lois de finances successives et leur parfaite exécution. Les huit rapporteurs de la commission de la défense se mobilisent déjà pour vous formuler leurs avis budgétaires. Je compte sur chacun d'entre vous pour être fidèle aux engagements importants que vous prenez aujourd'hui devant les Français.
Depuis la fin de la guerre froide, nous avons non seulement désinvesti dans notre appareil militaire, en touchant les fameux dividendes de la paix, mais nous avons également beaucoup désappris en matière de défense globale. Ce que l'Ukraine nous rappelle, c'est qu'il n'est pas de défense efficace sans implication de la nation tout entière. Il nous reste à faire en sorte que chaque citoyen, quelles que soient ses capacités, se sente impliqué, je dirai même engagé, dans notre défense nationale.