Les auteurs de cet amendement s'opposent à la généralisation du port des caméras-piétons par les personnels de surveillance de l'administration pénitentiaire. Nous sommes évidemment pour l'amélioration des conditions de travail des surveillants pénitentiaires et nous ne voulons certainement pas rendre leur tâche encore plus pénible. Si nous nous opposons à cette mesure, c'est parce que nous sommes convaincus que la généralisation du port de ces caméras ne vise pas à améliorer leurs conditions de travail mais à éviter d'embaucher davantage de surveillants pénitentiaires par choix ou faute de pouvoir le faire.
Nos propos s'appuient sur des données objectives, issues d'un rapport d'évaluation de l'expérimentation, laquelle a été très courte puisqu'elle devait durer trois ans et n'a finalement été conduite que pendant huit mois. Il en ressort que, pour 64 500 caméras portées, 2 564 enregistrements seulement ont été déclenchés et 30 exploités – soit 0,04 % si l'on rapporte ce chiffre au nombre de caméras. J'ajoute que 80 % de ces trente enregistrements ont été exploités à des fins de formation pédagogique.
Ce dispositif présente donc une efficacité proche du néant, son coût s'élèverait, nous dit-on, à 11 millions d'euros et son seul avantage est de faire croire aux personnels pénitentiaires qu'ils seront mieux protégés. Si l'on consacrait une telle somme, par exemple, à l'embauche, ces derniers seraient réellement mieux protégés, travailleraient dans de meilleures conditions et l'on éviterait de dépenser de l'argent pour utiliser des caméras qui ne servent à rien et n'ont jamais fait leurs preuves.