Nul besoin de nous expliquer les discriminations que nous subissons, comme la dévalorisation systématique des métiers féminisés, si mal rémunérés faute de reconnaissance des qualifications, ou encore l'inégal partage des tâches familiales et domestiques, qui font des femmes les premières victimes des temps partiels subis.
Je vous ai attentivement écouté décliner votre plan pour diffuser la culture de l'égalité et la lutte contre les stéréotypes, mais ne pensez-vous pas que votre ministère devrait commencer par balayer devant sa porte et ne pas contribuer à perpétuer, et même aggraver les inégalités de genre que subissent les femmes, lesquelles portent l'école à bout de bras ? En effet, alors que 70 % des enseignants sont des femmes, lesquelles représentent aussi 81 % des professeurs des écoles, seule une femme sur huit dirige une école, contre un homme sur cinq ; 11,5 % de ces femmes sont à temps partiel et, sans surprise, les heures supplémentaires, qui mettent un peu de beurre dans les épinards, sont largement captées par des hommes.
Le niveau des salaires est exceptionnellement bas. Ma conviction de féministe est que ce n'est pas sans lien avec ce caractère très féminisé de cette profession. Que répondez-vous face à une telle situation, d'ailleurs aggravée par un écart de salaire de 13 % entre les enseignants et les enseignantes ? Vous répondez par un pacte, qui remplace seulement des augmentations de salaire par des augmentations de tâches, en particulier tâches de remplacement dont nous savons que ce sont les hommes – qui ont le moins de charges familiales à assurer – qui s'en chargeront, ce qui ne manquera pas de créer une nouvelle inégalité alors que ce pacte est déjà massivement rejeté par les enseignants. Votre pacte est un affront à l'ensemble de la profession mais, plus encore, aux femmes. Comment, dans ces conditions, vous targuer de pouvoir former les jeunes filles à l'égalité dans une école dont vous traitez si mal les enseignantes ?