Intervention de Agnès Carel

Réunion du mardi 27 juin 2023 à 17h20
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAgnès Carel :

J'appelle votre attention sur la situation de certaines enseignantes, encore trop nombreuses qui, titulaires ou contractuelles, sont invitées à prendre des postes trop éloignés de leur domicile. Pour une mère de famille, a fortiori si elle est seule ou en charge d'une personne de sa famille, il est difficile d'accepter des postes en zones rurales ou périurbaines qui se situent à une ou deux heures de route.

J'ai été sollicitée à de nombreuses reprises sur cette question mais nous connaissons tous des exemples d'enseignantes qui, parfois, ont un long parcours de contractuelle et, après avoir réussi au concours, sont obligées de partir loin de leur domicile. Si elles n'acceptent pas la décision administrative, elles perdent le bénéfice de ce dernier. Or ces contraintes familiales sont souvent plus importantes à leurs yeux que leur propre épanouissement professionnel.

De même, les professeurs qui, chaque année, formulent leur demande de mutation se voient opposer un refus sans que les raisons leur soient vraiment données. Ce phénomène, qui touche nombre de femmes, semble s'amplifier. Au collège et au lycée, le recrutement est national et les lauréats des concours sont affectés partout en France en fonction des besoins dans leur discipline. Selon les bilans sociaux de votre ministère, 43 % des 26 000 professeurs demandant un changement d'académie ont obtenu satisfaction en 2021 contre un peu plus de 45 % en 2019. Ce système de mutation, qui empêche la mobilité des professeurs, montre ainsi ses limites. Les difficultés de recrutement s'expliquent pour une part par des affectations qui ne respectent pas toujours les contraintes familiales. En cette période particulièrement difficile pour recruter de nouveaux enseignants, il serait de bonne politique de mieux respecter le lieu de vie de ces femmes certes motivées mais qui souhaitent maintenir un équilibre familial. Pensons également aux reconversions de nombreuses femmes, pleines de bonne volonté, de savoir et de bon sens : je songe en particulier à celles qui ont accompli des carrières scientifiques, qui souhaitent ardemment rejoindre les rangs de l'éducation nationale mais qui, malheureusement, renoncent.

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