Je l'entends. Vous connaissez le dispositif EatAly, qui est un dispositif de présence l'agroalimentaire italien dans le monde entier et qui est un terme anglophone, qui permet de mettre l'Italie sur la carte mondiale. Je ne suis pas sûr que TFE suffise à mettre la France sur la carte mondiale. Je vous rejoins toutefois sur le fait qu'il se pose un sujet de marque. Je reconnais l'inconvénient que présente une marque anglophone. Si nous pouvons trouver une marque France francophone mais reconnue dans le monde entier, faisons-le. Team France Export a prouvé son succès. Nous comptons 50 % d'entreprises en plus qui sont issues directement de l'action de ces équipes. Je félicite donc toutes les équipes. Nous devrons aller plus loin, notamment via des objectifs communs aux différents opérateurs. En ce qui concerne la date, cela fait partie de la feuille de route de la Première ministre sur les 100 jours.
Les préoccupations que vous soulevez, Monsieur le président, sont intéressantes. Personne ne vise ici le moins-disant écologique et social. Si nous souhaitons être compétitifs par rapport à des pays dans lesquels les coûts du travail sont extrêmement faibles, nous devons d'une part nous mettre à niveau et nous assurer que la compétition soit juste sur les enjeux environnementaux, comme nous l'avons fait avec la taxation carbone aux frontières et le bonus automobile qui, à partir de l'année prochaine, sera réservé aux véhicules produits dans des pays dans lesquels le mix énergétique est vertueux, et d'autre part, développer l'innovation. Nous devons nous battre avec nos propres armes, par exemple avec le rapatriement des principes actifs du paracétamol via le développement d'un produit extrêmement innovant qui va permettre de développer du paracétamol fabriqué en France, mais qui sera beaucoup plus technologiquement avancé que celui qui a été développé et produit en Inde et en Chine.
Les vingt-cinq dernières années, jusqu'à il y a cinq ans, ont été un désastre pour l'industrie française. Nous aurions pu faire ce que d'autres ont accompli, y compris l'Allemagne : préserver l'industrie à un niveau qu'elle n'aurait jamais dû quitter, y compris en utilisant les armes de l'élargissement. Je trouve très positif que les pays de l'Est aient pu rattraper les pays de l'Ouest dans le cadre de l'intégration à l'Union européenne. Je pense que nous nous différencierons par les lettres « ISME ». Le protectionnisme contre la protection. Nous souhaitons une protection qui permette aux entreprises industrielles françaises et européennes de se retrouver avec des armes égales quand elles concurrencent d'autres acteurs dans le monde, mais nous souhaitons rester ouverts. Je souhaite que les champions européens et français puissent continuer à exporter. Si nous empêchons un certain nombre d'acteurs d'importer en Europe, malheureusement, les mesures de rétorsion seront telles que nous aurons également des défis d'exportation. L'Europe a fait beaucoup pour s'assurer que cette compétition soit plus juste et équitable entre les producteurs européens et les producteurs non européens. Le Président de la République a été très clair : dans tous les traités en cours de négociation, des clauses de réciprocité seront intégrées de façon à ce que les normes environnementales et sanitaires des produits qui entrent en Europe soient au niveau de ceux qui sont produits ici. Par ailleurs, nous n'avons pas signé de traité de libre-échange depuis six ans. Le CETA a été signé avant l'élection du Président de la République. Je suis très fier de l'avoir approuvé. Il a conduit la France à avoir une amélioration notable de ses exportations à destination du Canada, sans invasion de bœuf canadien craint par des membres de votre groupe.
Monsieur le député Bouloux, vous parlez des hommes et des femmes. Vous dites que les métiers industriels sont souvent plus pénibles que les autres, ce qui est vrai. Vous affirmez en revanche qu'ils ne sont pas assez rémunérés. Or l'industrie est rémunératrice. Nous avons des défis de rémunération en France, mais en moyenne, l'industrie paie mieux que les services et a connu des augmentations de salaire ces derniers mois, en partie du fait d'un marché du travail assez tendu. Nous devons donc éviter des images un peu trop traditionnelles de l'industrie. L'industrie est de moins en moins pénible, elle est rémunératrice et décarbone. L'image de l'industrie polluante est en passe d'être transformée. Nous avons une politique industrielle de développement innovant de la décarbonation qui vise à former de plus en plus de jeunes et de les attirer vers l'industrie. Je ne serai pas plus précis sur le plan, vous m'en excuserez, mais je laisserai à la Première ministre la primauté de ces annonces.