Merci. Comme je l'ai dit tout à l'heure, la question de la balance commerciale doit d'abord s'apprécier au regard du grand volume d'importations par rapport aux exportations. L'exportation des biens a crû de 18 % en 2022, mais les importations explosent. C'est en particulier sur ce sujet que nous devons nous interroger. S'il n'est pas question de fermer les frontières ou d'interdire les échanges, le « grand déménagement du monde » sur certains produits doit s'arrêter, car nous n'en avons tout simplement plus les moyens d'un point de vue écologique. Il s'agit d'abord de savoir comment reconquérir notre marché intérieur. Par ailleurs, je ne crois pas que la faiblesse de la production industrielle s'explique avant tout par la détérioration de sa compétitivité, à moins de considérer que pour faire face à un libre-échange généralisé, il faille produire avec un moins-disant écologique et social pour s'aligner sur les pays qui opèrent de cette manière. Ce n'est pas le modèle que je souhaite. D'autres options peuvent être envisagées, notamment le fait de revenir d'une idéologie, dont le président d'Alcatel Serge Tchuruk était l'émanation la plus importante, qui consistait à rêver d'une entreprise sans usine. Malheureusement, cela a été une des marques de fabrique du capitalisme français par rapport au capitalisme allemand. Ensuite, nous devons nous interroger sur nos rapports avec nos concurrents, notamment l'Allemagne. La raison pour laquelle la valeur ajoutée industrielle de l'Allemagne et l'exportation sont plus fortes tient d'abord au fait que le marché unique, et notamment l'alignement sur une monnaie forte telle que l'a voulu l'Allemagne au départ, l'avantage considérablement. De plus, l'Allemagne a transformé une partie des pays de l'ancien bloc soviétique en préparation préindustrielle d'un certain nombre de produits manufacturés. Je rappelle qu'en termes de commerce extérieur, l'Allemagne est en dehors des traités. J'entends le fait de vanter le regain industriel en France, mais dans une économie qui vante le libre-échange généralisé, si l'on ne revient pas à une politique de protectionnisme sur des critères sociaux et écologiques, je crains qu'il s'agisse de mots plutôt qu'un espoir pour l'avenir en termes de réalisation. Enfin, de façon à éviter les délocalisations et même pour permettre des relocalisations, nous devrions cibler davantage les aides très larges et sans condition de l'État, afin de les diriger en faveur des entreprises qui souhaitent relocaliser ou empêcher la délocalisation.