Deux grands thèmes expliquent le niveau élevé des prix dans nos territoires : les importations et la production locale. S'agissant des importations, je crois que vous avez raison de vouloir travailler, Madame Brocas, comme le ministère, sur l'octroi de mer. Je vous alerte sur un point. En Nouvelle-Calédonie existaient plusieurs taxes à l'entrée de produits importés, notamment alimentaires. Lorsque nous avons supprimé certaines d'entre elles, estimant que cela ferait baisser les prix, les importateurs se sont mis la marge dans la poche. En cas de suppression de l'octroi de mer, il faudra donc s'assurer que le partage de la valeur est favorable au consommateur et non aux grossistes. Il faut y être extrêmement vigilant et l'expérience de la Nouvelle-Calédonie pourra vous éclairer en la matière.
En ce qui concerne la production locale, nous ne parviendrons pas, structurellement, à obtenir les mêmes prix qu'en métropole avec l'import, une fois que la fiscalité sera assainie, en raison notamment de la distance. Comme vous le savez, le problème, s'agissant de la production locale, a trait à l'étroitesse du bassin de consommation dans ces territoires : la population n'y est pas suffisamment nombreuse pour permettre des économies d'échelle, raison pour laquelle la production locale est souvent aussi chère, voire plus chère que la production importée. Il faut donc aussi miser sur l'intégration économique régionale de la production de ces territoires, en construisant des relations économiques avec les territoires voisins. En Nouvelle-Calédonie, nous travaillons ainsi avec le Vanuatu, avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les îles Salomon et avec le Japon, de façon à bénéficier d'économies d'échelle pour nos productions et ainsi créer des prix compétitifs. Je n'affirme pas que nous y soyons parvenus mais c'est en tout cas en ce sens qu'il faut travailler. Cela me conduit à une dernière question : quel est l'état des relations du ministère des outre-mer avec les ministères de l'Europe et de affaires étrangères, de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, ou du ministère délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des français de l'étranger sur ces sujets ? Tant que ces autres périmètres ministériels ne se préoccuperont pas de l'intégration des outre-mer dans leurs politiques publiques, nous continuerons de réunir des commissions d'enquête assez régulièrement.