Au moment de la présentation du projet de loi de finances (PLF) pour 2024, j'aurai l'occasion de vous indiquer la part de l'APD et l'objectif chiffré que nous nous serons fixés avec le président de la République. La France a maintenu un niveau d'aide publique au développement extraordinairement élevé au regard des contraintes qui pèsent sur ses finances publiques. Nous avons augmenté de 50 % les crédits de l'APD depuis 2017, ce qui représente un effort considérable, de l'ordre de 10 à 15 milliards d'euros. Il n'y a pas beaucoup de postes budgétaires dont on puisse en dire autant. Nous avons donc fait les efforts nécessaires pour tenir nos engagements et nous mobiliser autant que possible en faveur de l'aide au développement.
La dette écologique est l'un des principaux sujets politiques que les pays en développement abordent avec nous. Ils expliquent que, si la planète est confrontée à de telles difficultés, c'est parce que nous avons émis des gaz à effet de serre en quantité très importante depuis la fin du xixe siècle, durant les deux révolutions industrielles. Ils considèrent que nous avons laissé une dette écologique que nous leur demandons de payer à notre place. En réalité, ces pays ont aussi un atout : ils pourront passer directement à une économie décarbonée, grâce à l'hydrogène vert, aux panneaux solaires ou à d'autres énergies renouvelables. L'un des principaux enjeux est, en effet, d'amener le plus vite possible ces pays vers une économie décarbonée. Ne pas le faire serait commettre une erreur majeure. Le rattrapage ne doit pas passer par la case carbone car il serait contradictoire, de leur part, de nous reprocher la dette carbone tout en l'alourdissant à leur tour.
L'aide publique au développement n'est en rien conditionnée à la maîtrise des flux migratoires. Les objectifs de l'APD restent bien ceux que vous avez mentionnés. Néanmoins, je continue à penser que notre intérêt est d'avoir un développement équilibré entre le Nord et le Sud si nous voulons remédier aux risques des flux migratoires. Ce n'est pas la même chose d'avoir des flux migratoires venant de pays développés, dans le cadre d'échanges d'étudiants ou de compétences, et de voir une partie des populations qui fuient leur territoire en raison de l'absence de développement économique et de la très grande pauvreté.