Dans votre propos introductif, vous n'avez pas résisté à la tentation de lier la question de l'aide publique au développement à celle de la régulation des flux migratoires. Or il est dangereux d'établir un rapport entre les deux. Pour notre part, nous le rappellerons autant qu'il le faudra.
L'aide publique au développement doit se cantonner aux trois objectifs que sont la lutte contre la grande pauvreté, la lutte contre les inégalités mondiales et la préservation des biens publics, en particulier le climat et le vivant. Je ne dis pas que certains projets de développement ne découragent pas l'aventure migratoire grâce au fait que des populations retrouvent le goût de vivre sur leur territoire mais toutes les études montrent que le développement ne freine pas les flux des migrations. Tout au contraire, il encourage la mobilité. Ce n'est donc pas l'APD, qui ne contribue d'ailleurs que de façon limitée au développement des pays – et c'est heureux –, qui va décourager l'immigration en provenance de Syrie, d'Afghanistan, du Soudan ou d'ailleurs.
Vous avez rappelé les enjeux et les résultats du sommet. Lorsque Esther Duflo est venue devant notre commission, elle a donné les mêmes chiffres que vous. Elle nous a également rappelé que nous avions une dette écologique à l'égard des pays pauvres, et nous en avons convenu. En effet, si l'adaptation de ces pays au changement climatique est nécessaire, c'est parce que nous avons émis des gaz à effet de serre pendant deux siècles. Aider ces pays à financer leur adaptation est donc bien plus qu'un devoir de solidarité : c'est une question de justice. J'ai donc accueilli avec enthousiasme l'objectif du sommet, à savoir trouver les financements pour la transition écologique des pays pauvres. Toutefois, l'augmentation de l'aide publique au développement constitue un autre objectif important. À ce titre, j'ai toujours salué le respect des engagements financiers car l'APD atteint 0,56 % du revenu national brut. La loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, promulguée le 4 août 2021, a fixé comme objectif 0,7 % du RNB. Cet objectif sera-t-il tenu ?