Je vous remercie, monsieur le ministre, d'avoir temporairement délaissé la commission des finances, où vous êtes régulièrement auditionné, pour être présent devant notre commission. Nous partageons bien évidemment les objectifs du sommet de Paris, à savoir dégager de nouvelles ressources pour lutter contre la pauvreté et le réchauffement climatique et aider les pays qui sont confrontés à celui-ci. Toutefois, malgré une volonté certaine et une communication abondante, nous avons quelque difficulté à cerner les avancées concrètes qu'il a permis d'enregistrer.
Certes, il a été décidé d'attribuer 100 milliards de dollars par an aux pays en voie en développement pour le financement de leur action en matière de lutte contre le changement climatique mais ce n'est là que la concrétisation de l'engagement pris à Copenhague, il y a quatorze ans. Nous avons aussi pris note du fait que l'engagement, pris en 2021, consistant à réallouer 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux, avait été réaffirmé par le FMI. La Banque mondiale, pour sa part, a introduit une clause permettant de suspendre la dette en cas de catastrophe naturelle. Le président de la République s'est ainsi félicité de l'existence d'un « consensus complet » pour « réformer en profondeur » le système financier mondial. Tant mieux ; acceptons-en l'augure. Toutefois, nous avons le sentiment qu'il n'y a pas assez d'éléments concrets et peu de mesures nouvelles pour le moment, à l'image de l'instauration d'une taxe carbone sur le transport maritime, au sujet de laquelle les discussions doivent se poursuivre.
Un accord a été passé avec le Sénégal pour accompagner ce pays dans sa transition énergétique. Des accords avec la Zambie et le Ghana ont également été conclus pour la restructuration de leur dette.
Vous avez souligné, lors d'un entretien à radio France internationale (RFI), que la présence du premier ministre chinois était un événement décisif pour la restructuration des dettes, notamment celle de la Zambie. De nombreuses entreprises chinoises sont très présentes en Afrique pour construire et exploiter des projets financés à travers des prêts chinois. De la même manière, Pékin, dans le cadre de la renégociation de ses créances, transforme parfois celles-ci en prélèvements en nature, qu'il s'agisse de matières premières ou d'actifs. Les pays européens étaient peu représentés lors du sommet. Regrettez-vous ces absences ? N'auriez-vous pas préféré construire une réponse européenne forte pour endiguer l'influence chinoise sur le continent africain ?