Comme Sisyphe, nous poussons notre rocher et il retombe toujours. Mais Camus disait que Sisyphe était heureux…
Durant la précédente législature, j'avais rédigé avec Mme Ramlati Ali un rapport d'information sur la pollution des mers, comprenant quarante mesures précises. Le problème, c'est le mode de décision nécessairement consensuel entre les nations dans ce domaine. De ce point de vue, l'Union européenne, loin d'être un atout, est un frein, puisque Chypre y effectue un lobbying très important ; on le voit d'ailleurs dans le trafic transmanche. Le Monde a publié hier un article très intéressant sur le fait que deux actions engagées à la fois par le Royaume-Uni et par la France risquent de ne pas pouvoir aboutir compte tenu du lobbying de Chypre. Pourtant, si l'Union européenne pouvait être unie sur ce dossier, elle pourrait faire pression sur les autres nations.
Ce protocole marque un progrès ; c'est mieux que rien. D'ailleurs, l'Organisation maritime internationale n'a cessé de progresser au cours des cinquante dernières années, à la suite des drames pétroliers. Ne désespérons donc pas.
Toutefois, il est vrai que ce texte reste très partiel. D'un côté, on signe des accords de libre-échange qui favorisent le développement des transports et les délocalisations, de l'autre, on clame qu'on est pour l'écologie et qu'il faut sauver la planète ! C'est plutôt contradictoire et l'Union européenne est au cœur de cette contradiction.
Autre contradiction : si l'on a avancé dans la prise de conscience du réchauffement planétaire et des effets des gaz à effet de serre, on a trente ans de retard en matière de pollution des océans. Pourtant la pollution par le plastique est un enjeu tout aussi important et l'on pourrait agir assez rapidement pour y remédier.
D'où l'intérêt de ce rapport, dont notre commission doit de saisir. C'est l'honneur de la France d'être en pointe sur ces sujets, quel que soit le gouvernement.