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Intervention de Élise Leboucher

Réunion du mardi 13 juin 2023 à 17h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlise Leboucher :

Je prends la parole au nom de ma collègue Nadège Abomangoli, partie voter, pour exposer la position de notre groupe.

Depuis de nombreuses années, les contradictions de la politique étrangère française, ses positionnements changeants et ses principes à géométrie variable obèrent sa lisibilité. Au Sahel par exemple, c'est la politique du deux poids deux mesures : on a constaté le silence complice de la diplomatie française au sujet du régime de M. Déby au Tchad, contrairement à ce qui vaut, à juste titre, pour M. Goïta au Mali. Dans son communiqué relatif à la répression violente du 20 octobre 2022, le Quai d'Orsay a placé sur le même plan manifestants et junte tchadienne. Même scénario au Sénégal avec le renvoi dos à dos de l'exécutif et des manifestants. Comment concevez-vous la nécessité de non-ingérence et de défense de nos intérêts ?

Notre groupe considère que le respect des principes démocratiques permet une relation respectueuse et la difficulté à respecter certains de nos partenaires participe au trouble. La retenue du président de la République lors de sa visite en Chine contraste avec les remontrances visant M. Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo (RDC) lorsque le président s'est rendu dans ce pays. Ces incohérences affectent l'image de notre pays et alimentent un discours critique envers la France dans les pays considérés, où des autocraties comme la Russie, la Chine ou la Turquie s'engouffrent pour étendre leur influence et leur ingérence.

La décision prise par Emmanuel Macron d'inviter Narendra Modi au défilé du 14 juillet suscite les mêmes interrogations. Discuter avec tout le monde est le principe même de la diplomatie mais la dérive autoritaire et raciste de Modi est incompatible avec les honneurs qui lui seront réservés le 14 juillet, date symbole de l'émancipation des peuples dans l'imaginaire mondial. Cet acte symbolique était-il vraiment nécessaire ?

Enfin, nous sommes décontenancés par les dissonances entre la diplomatie française et les parlementaires de votre bord qui avancent régulièrement des positions néo-conservatrices révélatrices d'une vision civilisationnelle des relations internationales à rebours de la diplomatie française. Ainsi, comme le président Macron, vous rappelez, loin des surenchères, que la seule issue de l'invasion de l'Ukraine sera diplomatique. De même, les propos de M. Macron sur Taïwan sont diamétralement opposés à ceux qu'expriment plusieurs élus nationaux et européens du groupe Renaissance. Sur la nature de l'État d'Israël, c'est l'omerta sur les bancs de Renaissance alors que le Quai d'Orsay caractérise clairement ce régime.

Ces dissonances constantes font s'interroger. Quand la politique étrangère française se départira-t-elle d'un « en même temps » qui ne sied pas aux relations internationales ?

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