Vous avez raison mais votre propos doit être précisé. Des garanties de sécurité et l'assurance que la population du Haut-Karabakh peut exercer librement ses droits culturels traditionnels sont indispensables. C'est notre position, celle de l'Union européenne et celle de la communauté internationale. Nous l'exprimons et, je l'ai dit, nous faisons pression sur l'Azerbaïdjan pour que ce pays respecte ses obligations internationales et applique la décision de la Cour internationale de justice.
Je rappelle que le Haut-Karabakh fait partie du territoire internationalement reconnu de l'Azerbaïdjan. La précondition à un éventuel accord de paix est que chacun réitère la reconnaissance mutuelle des frontières intervenue en 1991 : c'est ce que le président de la République avait obtenu à Prague, le 6 octobre dernier. Cela ne signifie pas que l'Azerbaïdjan peut priver une partie de sa population de ses droits culturels et économiques ; pour autant, ne parlons pas de famine, c'est exagéré. Dire que le Haut-Karabakh est une partie du territoire de l'Azerbaïdjan peuplée très majoritairement d'Arméniens et qui entend rester dans le territoire de l'Azerbaïdjan, c'est aussi la position de l'Arménie. Je suis donc surprise d'entendre certains Français aller au-delà des positions arméniennes pour soutenir l'Arménie, alors que leur demande ne reflète ni la position de la communauté internationale, ni celle du premier pays concerné. Cette voie ne peut prospérer puisqu'il faut être deux pour passer un accord, à moins de partir en guerre, et je ne crois pas que quiconque s'y risque au moment même où nous encourageons les deux parties à une désescalade.
Nous ne sommes pas contre une résolution du Conseil de sécurité. Depuis les incidents de septembre, c'est toujours à l'initiative de la France que l'on traite de ce sujet au Conseil de sécurité. Nous avons obtenu que deux réunions se tiennent mais elles ne mènent à rien : une résolution n'est pas envisageable car elle ne serait pas votée, la Russie bloquant tout. Elle veut vraisemblablement garder l'Arménie sous sa coupe sans désormais lui apporter les garanties qu'elle lui avait apportées un temps et elle n'a pas fondamentalement intérêt à un règlement de ce conflit, qui lui permet de jouer des uns et des autres et d'exercer une forme de tutelle sur ces pays ou de les entretenir dans une position de dépendance.