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Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du mardi 13 juin 2023 à 17h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges, président :

Nous avons l'honneur et le plaisir d'accueillir la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, Mme Catherine Colonna. Je vous remercie, madame la ministre, de vous prêter à cet exercice pour la cinquième fois depuis votre prise de fonction et aujourd'hui à huis clos, à votre demande, ce qui permettra des échanges plus directs.

Depuis notre dernière rencontre en cette salle, le 7 mars 2023, des événements marquants ont ponctué l'actualité, en premier lieu la guerre en Ukraine. Il est souvent question du « brouillard de la guerre » et, dans l'étrange affaire qu'est cette guerre-ci, nous sommes dans le brouillard du brouillard : on a appris qu'une contre-offensive ukrainienne est en cours parce que Kiev n'en dit rien. Dans une intéressante stratégie de communication post-moderne, l'information vient de l'absence d'information… Nous espérons donc que vous nous en direz plus que les dépêches de presse sur cette offensive : est-elle réelle ? S'agit-il simplement de coups de butoir donnés ici et là pour tester la solidité du dispositif russe ou des actions en profondeur plus importantes sont-elles déjà engagées ?

La Chine, que le président de la République avait invitée à s'impliquer davantage dans la résolution de ce conflit, semble bouger ; comment percevez-vous son attitude actuelle ? Les États européens ont formulé de nouvelles promesses d'aide en matériel militaire au président Zelensky et la question de la livraison d'aéronefs se pose de façon de plus en plus pressante ; qu'en sera-t-il ? Lors du prochain sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Alliance atlantique, à Vilnius, l'Ukraine espère voir s'ouvrir des perspectives d'adhésion, une fois le conflit terminé ; se pose alors la question des garanties de sécurité à donner à l'Ukraine dans le cadre de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) ou par un autre moyen. Dans tous les cas, les discussions à Vilnius seront complexes, nos partenaires turcs continuant de marquer une forte opposition à l'adhésion de la Suède à l'OTAN.

Les propos du président de la République au sujet de Taïwan, au retour de sa visite d'État à Pékin, ont suscité une certaine incompréhension chez nombre de nos alliés et partenaires. Quelle est l'approche précise de la France ? Beaucoup d'entre nous craignent la tentation d'une attitude intermédiaire entre la Chine et les États-Unis alors que nous sommes dans le même système de valeurs que les États-Unis. Nous pouvons, certes, avoir des intérêts divergents des leurs mais c'est une chose de constater des divergences au sein du camp occidental, une tout autre chose de se positionner entre ces deux blocs.

Dans le reste du monde, de très importantes modifications des relations internationales ont eu lieu, sous l'égide de la Chine, justement. Au Moyen-Orient, l'Arabie saoudite et l'Iran ont rétabli leurs relations diplomatiques. Cela ouvre la voie à une issue au conflit du Yémen mais aussi au retour en grâce de M. Bachar El-Assad au sein de la Ligue arabe, et cet événement sanctionne un échec fondamental des puissances occidentales et des défenseurs de l'État de droit. Quelle appréciation portez-vous sur cette évolution et quelles conséquences en tirerez-vous ?

Quelle issue voyez-vous, si tant est qu'il en existe une, aux affrontements d'une extrême violence en cours au Soudan ? Nous avons entendu le directeur de la cellule de crise de votre ministère qui a géré l'évacuation d'un millier de Français et d'étrangers dans des conditions difficiles avec brio et une grande efficacité, nous a-t-il semblé. Au-delà, l'enjeu est de faire cesser la violence pure dans laquelle peut basculer toute cette région.

Les Arméniens du Haut-Karabakh nous semblent bien seuls. Ils ont le soutien de la Grèce et de Chypre mais la France est la seule grande puissance solidaire de l'Arménie et, en Europe, nos efforts semblent observés avec distance, y compris par nos amis les plus proches. J'ai reçu dans cette commission des responsables arméniens et azéris et nous avons eu le sentiment d'un jeu complexe entre la Russie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie, très préoccupant pour l'avenir de nos amis arméniens. Pourrez-vous faire le point ?

Je n'évoquerai que pour mémoire d'autres foyers de crise : au Sahel, en Birmanie, en Haïti, en Afghanistan, rien ne va.

Nous attendons beaucoup du rendez-vous fixé par le président de la République à l'occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial. La délégation de notre commission qui s'est rendue en Inde récemment en est revenue frappée par le fait que la variable essentielle du succès de la lutte contre le réchauffement climatique est notre capacité à mettre en œuvre une solidarité mondiale, sur le plan privé en mobilisant des capitaux, sur le plan public par des solidarités effectives. Quelle analyse faites-vous de ce nouveau pacte et comment se prépare-t-il ?

Je conclurai par quelques mots au sujet du comité interministériel de la coopération internationale et du développement, le CICID, cette Arlésienne toujours annoncée…

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