La question traitée dans cette proposition de loi – le zéro artificialisation nette – n'est pas une question comme les autres : trouver les voies et moyens qui permettront de réduire, puis de stopper notre consommation de terres naturelles, agricoles et forestières constitue, pour l'humanité, un enjeu existentiel. La terre naturelle est un trésor : si vous en ramassez une poignée, vous aurez dans la main plus de micro-organismes qu'il y a d'êtres humains sur le globe. Vous pourrez observer de près une ressource infiniment complexe, que la planète a mis des siècles à produire. La terre est une matière indispensable au cycle de l'eau et du carbone. Sans elle, il n'y a tout simplement plus d'écosystème compatible avec la vie humaine.
Il nous a fallu du temps pour prendre conscience de ces vérités ; pour comprendre que la terre n'est pas seulement un objet que l'on piétine ; pour saisir que couler une dalle de béton, c'est commettre un geste écocide aux conséquences irréversibles. Mais maintenant, nous le savons : les scientifiques nous ont éclairés. Plus personne, dans cet hémicycle, ne peut plaider l'ignorance. L'artificialisation des sols est une limite planétaire. Or on ne discute pas, on ne négocie pas, on ne repousse pas une limite planétaire. L'alternative est simple : soit nous intégrons cette limite dans notre modèle de développement, soit nous provoquons un bouleversement de l'écosystème qui conduira à notre perte. Bifurquer ou disparaître : voilà le choix qui nous est proposé.