Monsieur le ministre, les enseignants de lettres classiques, qui ne sont pas les seuls concernés, alertent sur le recrutement de leurs pairs. A priori, le concours 2023 risque d'être, bis repetita, problématique : au vu du nombre d'admissibles, l'effectif de professeurs de lettres classiques recrutés in fine pourrait retrouver le niveau de 2022, soit 55 postes pourvus sur les 134 proposés au concours du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (Capes).
Les résultats d'admissibilité au Capes externe 2023 sont implacables : seuls 47 candidats sont admissibles pour 134 postes. A contrario, en 2010, il y avait encore 242 candidats pour 170 postes.
En 2022, on comptait seulement 160 candidats au Capes, 425 à l'agrégation. Ce déficit alarmant – O tempora – met en danger l'enseignement du latin et du grec en France. En 2022, on comptait 14,6 % de collégiens et 3 % de lycéens latinistes, 0,8 % de collégiens et 0,7 % de lycéens hellénistes selon le Figaro étudiant. Il y a pourtant, de facto, des vocations – je peux en témoigner.
L'enseignement des humanités est une grande richesse ad vitam aeternam : il développe la rigueur, exerce à la manipulation des langues, instruit sur l'histoire, provoque une réflexion sur le devenir des civilisations et de l'humanité. Accéder à ces enseignements exigeants est pour certains élèves un vecteur puissant de réussite, a fortiori pour ceux qui n'ont pas toutes les chances au départ.
Les professeurs de lettres classiques s'inquiètent aussi, ipso facto, des difficultés consécutives : mutations difficiles, voire impossibles, du fait de l'absence d'option langues et cultures de l'Antiquité, ou remplacements ardus.
La complémentarité des lettres classiques et des lettres modernes au sein de l'éducation nationale est une condition sine qua non, tant les langues grecque, latine et française sont entremêlées.
Aussi, monsieur le ministre, quelles sont les mesures envisagées afin de promouvoir les lettres classiques auprès des jeunes et garantir un nombre de postes au summum pour cette merveilleuse discipline ? Plus généralement, la question du recrutement reste cruciale.
Je profite de cette question pour faire un a parte : je suis aussi préoccupée que les députés Guillaume Garot et Yannick Favennec-Bécot par la situation des urgences en Mayenne.