Les recommandations et attentes à tirer des premiers retours d'expérience de la crise ukrainienne doivent l'être par les armées, qui sont en première ligne sur le sujet. Le modèle capacitaire que nous développions n'était pas suffisamment orienté vers une crise de haute intensité rapide. Il faut accélérer l'effort pour la haute intensité.
Parmi les points faibles, j'ai cité les stocks de munitions, même si 7 milliards d'euros sont prévus dans la LPM pour compléter et développer de nouveaux missiles ou de nouvelles munitions. Les armements « consommables » doivent être conçus à bas prix, ce qui n'est pas un point sur lequel nous avons particulièrement travaillé. Nous avons lancé récemment un appel d'offres pour réaliser des drones armés, que je qualifierai de « munitions rodeuses », lesquelles, en tant que consommables, ne doivent pas coûter trop cher. Le coût de l'arme utilisée ne doit pas être plus élevé que celle à contrecarrer. Nous avons déjà lancé des appels d'offres en cours de dépouillement. En revanche, on ne peut se permettre de perdre trop souvent un drone comme le MALE, sur le théâtre d'opération. Il faut revoir nos équilibres entre la masse et la haute technologie. Ce n'est pas en abandonnant la haute technologie nécessaire à la supériorité opérationnelle des armées que nous pourrons faire face à la haute intensité, mais il faut davantage diversifier notre effort.
Je le répète, le budget d'investissement bénéficie de la moitié des 3 milliards d'euros prévus pour 2023. J'ai indiqué les équipements que nous aurions à livrer en 2023. Les capacités industrielles et technologiques étant ce qu'elles sont, cela me paraît un effort significatif à poursuivre.
Pour la R&T, nous sommes passés de 750 millions d'euros à un milliard d'euros en 2022. Il convient de poursuivre en priorité l'effort de développement technologique engagé dans la LPM et de consacrer des investissements à des équipements « low cost », par définition à consommer en masse dans des conflits de haute intensité.