À poste égal, les femmes sont plus diplômées que les hommes. Pourtant, elles occupent deux fois moins de postes à responsabilité – je le répète en direction des bancs situés à ma droite, semble-t-il atteints de surdité – et leurs salaires sont 30 % moindres. Ces inégalités sont connues et documentées scientifiquement, tout comme les réponses à y apporter. N'oublions pas que les « derniers de corvée » sont, dans leur quasi-totalité, des femmes.
Malgré tout, ces inégalités perdurent, dans les discours et jusque dans cet hémicycle – parce qu'elles sont structurelles, construites par des années d'habitude, renforcées par des choix politiques, et trop souvent par l'inaction politique.
Pendant que l'extrême droite cherche ses références dans une littérature qui tient probablement plus de La Servante écarlate que des études du CNRS – Centre national de la recherche scientifique –, nous tentons d'agir, notamment avec ce texte. Certes, nous aurions pu faire mieux et plus vite, agir dans plus de structures. Certes, nous ne résoudrons pas les problématiques qui structurent ces inégalités – tant s'en faut – mais nous nous attaquons à leur expression dans le champ des institutions publiques. Je parle bien de toutes les institutions publiques, puisque l'amendement de mon excellente collègue Marie-Charlotte Garin, aidée par la délégation aux droits des femmes – un travail collectif est toujours plus efficace –, a inclus les cabinets ministériels et présidentiel dans le champ du dispositif.
Alors oui, l'administration sera bientôt paritaire, enfin ! Ce n'est pas anodin : le service public doit montrer l'exemple pour entraîner avec lui toute la société. C'est un petit pas, mais il a le mérite d'exister et de nous amener ainsi à prendre date.
Je ne redirai pas ici, monsieur le rapporteur, monsieur le ministre, tous nos regrets quant aux reculs en CMP et au manque global d'ambition. Mais si le travail sur ce texte, en commission, en séance publique et en CMP, a été apaisé – puisque le mot est à la mode –, c'est qu'à chaque étape, le dialogue a prévalu. Dialoguer, c'est entendre, écouter, comprendre et agir. Dans cet hémicycle, la responsabilité du succès du dialogue, de la coconstruction, incombe à celles et ceux qui ont le pouvoir et tiennent les rênes. Ils font le choix d'orienter nos travaux dans cette direction, ou dans celle du conflit.
C'est trop peu souvent que nous pouvons, depuis les bancs de l'opposition, saluer le travail réalisé ou célébrer la coconstruction. C'est trop peu souvent qu'à l'inverse des éléments de langage martelés ad nauseam, nous est offerte la possibilité de dialoguer, d'être entendus et d'adopter une approche transpartisane. Sur les quelque 150 textes soumis à la sagesse de notre assemblée depuis un an, les textes pour lesquels ce dialogue a été possible se comptent sur les doigts d'une main.
Alors, merci, monsieur le rapporteur, d'avoir su offrir le dialogue là où il n'existe quasiment jamais. Merci, monsieur le ministre, d'avoir choisi la même dynamique. Combien de séances auraient gagné sur le fond, la forme, combien d'examens auraient bénéficié aux Françaises et aux Français si vos collègues, si la Première ministre ou le Président avaient choisi la même approche ? Combien de progrès sociaux et environnementaux avons-nous ratés parce que la tactique prend systématiquement le pas sur la politique ?
Cet après-midi, c'est chouette, nous pouvons être soulagés : nous avons franchi une étape pour l'égalité, grâce au dialogue. La coconstruction, c'est pas mal, finalement – nous y prendrions presque goût ! Cela donnera peut-être des idées à l'exécutif – je vous fais confiance pour en toucher deux mots à vos collègues, monsieur le ministre. Nos concitoyens vous en sauraient gré. Les Françaises vous sont reconnaissantes, aujourd'hui, pour ce début de dialogue. C'est pour cette raison que le groupe Écologiste – NUPES votera en faveur de cette proposition de loi.