Ce texte, nous l'avons amélioré ensemble, de manière transpartisane, mes chers collègues, d'abord à travers nos travaux à l'Assemblée nationale : merci à toutes celles et ceux qui se sont engagés. C'est forts de l'ensemble de ces avancées que nous avons tenté de construire, avec la rapporteure au Sénat, Mme Françoise Dumont – que je salue chaleureusement –, un consensus et un texte aussi ambitieux et efficace que possible.
Ce constat m'amène à mon second motif de satisfaction : le texte que nous nous apprêtons à voter est ambitieux et lisible ; il couvre tous les versants de la fonction publique et crée les bons outils d'accompagnement des employeurs publics pour atteindre l'égalité.
Son ambition, d'abord, se traduit par des objectifs élevés : 50 % de personnes de chaque sexe dans les primo-nominations et 40 % pour ce qui concerne le vivier – car, comme vous, monsieur le ministre, je récuse le terme de stock –, ces objectifs devant être atteints d'ici la fin du quinquennat, puisque l'obligation sera rehaussée à partir de 2026 pour les primo-nominations et qu'elle deviendra effective pour le vivier à partir de 2027. L'index de l'égalité professionnelle, quant à lui, entrera en vigueur dès la fin de cette année pour la fonction publique d'État et à compter du 30 septembre 2024 s'agissant de la fonction publique territoriale et de la fonction publique hospitalière.
Ensuite, le texte est lisible, car les objectifs qu'il prévoit couvriront les trois branches de la fonction publique. Nous avons notamment élargi les obligations aux postes de chef de pôle et de chef de service au sein de la fonction publique hospitalière et, sous une forme légèrement différente, aux juridictions administratives et financières, ainsi qu'aux cabinets ministériels et à celui de la présidence de la République.
Après échanges avec le Sénat, nous avons néanmoins maintenu les dispositions limitant ces obligations aux collectivités comptant plus de 40 000 habitants et au moins trois emplois fonctionnels.
Par ailleurs, nous avons conforté l'intensité des niveaux de sanction. Nous avons clarifié le dispositif des nominations équilibrées pour les employeurs concernés, et choisi de faire peser la sanction sur l'autorité décisionnaire des nominations et des affectations. Enfin, nous avons appelé de nos vœux que l'index de l'égalité professionnelle soit publié chaque année au mois de septembre par l'ensemble des employeurs publics, en attendant qu'il le soit, un jour, dès le mois de mars, comme dans le secteur privé.
Ces objectifs ambitieux et lisibles s'accompagnent de dispositions adéquates afin d'accompagner les employeurs publics.
Ainsi nos travaux aboutissent-ils à un texte qui muscle fortement les dispositions relatives à l'accès des femmes aux responsabilités. Un tel renforcement est indispensable eu égard à la réalité des inégalités professionnelles. Les trois quarts des postes de direction sont occupés par des hommes, alors même que la fonction publique est composée à 64 % par des femmes et que l'écart salarial s'élève toujours à 10 %. Il nous faut regarder ces inégalités en face et agir en conséquence.
Tout au long de nos travaux, comme il est de coutume en matière d'égalité, nous avons entendu différents avertissements : les dispositions seraient difficiles à appliquer, certaines structures ne seraient pas adaptées, le niveau de compétence des futurs responsables serait moins élevé. Toutes ces critiques ne sont en réalité que les marques d'un déni : déni des compétences des femmes aux postes de responsabilité ; déni des inégalités structurelles qu'elles vivent au quotidien. Eu égard à notre combat, qui n'est autre que la grande cause du quinquennat, et aux positions que nous défendons au niveau international, aucun de ces prétendus arguments ne tient et ne saurait être retenu. Une seule boussole doit nous guider : celle de l'action pour l'égalité, pour le féminisme, pour la disruption, voire pour la transgression.
Cela m'amène à mon dernier motif de satisfaction : celui de voir que, dans le contexte international de repli des droits des femmes que nous connaissons, nous adoptons une loi importante et concrète, qui sera porteuse de transformations positives pour notre pays, mais aussi une loi modèle sur la scène internationale, comme l'avait été la loi Pénicaud – loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel. Le texte que nous allons adopter répond en effet à un triple objectif d'égalité, d'exemplarité et d'amélioration de la construction de la décision publique.
Pour toutes ces raisons, je vous invite à voter cette proposition de loi et je forme le vœu qu'elle soit promulguée le plus rapidement possible.