Je voudrais rebondir sur trois points. Le premier porte sur le mode de décision : nous devons encore développer les votes à la majorité qualifiée, parce que l'unanimité bloque le bon fonctionnement des institutions européennes dans un certain nombre de domaines, en particulier celui de la fiscalité. Le projet de taxation européenne des géants du numérique, projet soutenu par quasiment tous les partis politiques en France, a par exemple été bloqué à cause de l'unanimité.
Ma deuxième remarque porte sur la défense. Certains considèrent qu'européaniser davantage la défense n'a pas de sens ; d'autres pensent qu'il faut aller de plus en plus vers une mutualisation des forces et vers une convergence des défenses nationales en Europe, pour créer à terme une défense européenne. La crise actuelle entre la Russie et l'Ukraine montre que nous sommes plus forts et beaucoup plus dissuasifs, lorsque nous sommes ensemble.
Ma dernière remarque vise à rappeler que l'Union Européenne est un projet en grande partie français à l'origine. Nous avons donc une responsabilité historique éminente dans la suite de la construction européenne. L'Union européenne est un démultiplicateur de puissance pour notre pays : nous sommes puissants dans le monde parce que nous sommes aussi puissants en Europe. Surtout, l'Union européenne est une modalité de règlement des conflits sur notre continent par la discussion et le dialogue, comme l'illustrent les débats actuels sur les sujets énergétiques.