La Compagnie nationale du Rhône est un fleuron français à qui l'on doit une gestion remarquable et en bon père de famille d'un de nos plus grands fleuves sur le plan de la navigation, du réaménagement des zones humides et, surtout, de la production hydroélectrique. Grâce à cette gestion, Avignon échappe de plus en plus aux crues qui la dévastaient depuis des siècles.
En matière d'énergie, CNR a participé depuis 1918 à la constitution du très solide réseau français de centrales hydroélectriques. Selon le rapport de la Cour des comptes du 22 février 2022, « les usines hydroélectriques du Rhône produisent de l'électricité à un coût complet moindre que la plupart des autres moyens de production exploités en France ». Pourtant, toujours selon la Cour des comptes, « l'efficacité des barrages du Rhône ne bénéficie plus aux consommateurs à travers des tarifs reflétant les coûts de production » du fait, notamment, d'un manque d'investissement. Or CNR possède, un peu partout en France, près d'une cinquantaine de parcs éoliens, ainsi qu'une cinquantaine de parcs photovoltaïques.
Il y a un an, vous annonciez que vous alliez investir près de 1 milliard d'euros dans les énergies renouvelables. Or, en phase avec les projets de développement de ces énergies, une entreprise consacrée au développement photovoltaïque, Solarhona, a été créée, qui emploie une vingtaine de salariés, répartis entre Lyon et Montpellier. Deux tiers des capacités en la matière proviendraient de l'installation de panneaux sur les toitures ou sous la forme d'ombrières, et un tiers de terrains dégradés de petite taille ne présentant pas d'utilité. Quelques projets de faible envergure en solaire flottant sur de petits plans d'eau seraient aussi envisagés. Or, CNR n'est pas propriétaire de ces emprises. Elle va sortir de son cœur de métier au détriment de nouveaux projets d'implantation de petites centrales hydroélectriques – même si vous en avez évoqué six. Aujourd'hui, on compte environ un ouvrage tous les vingt kilomètres. Pourrait-on passer à un ouvrage tous les dix kilomètres ?
Le deuxième problème concerne la construction par l'entreprise energieTEAM de trois éoliennes sur des terres agricoles à Cossé-le-Vivien et à Quelaines-Saint-Gault, en 2018. CNR était présenté comme un partenaire institutionnel pour faire la promotion auprès des élus et des riverains de ce projet situé à plus de 600 kilomètres du couloir rhodanien. Il serait dommage que toute l'expérience acquise en hydroélectricité soit dilapidée dans des projets certes à la mode mais sans avenir, n'ayant plus grand-chose à voir avec la gestion des fleuves.