La France a bien du mal à baisser sa consommation de produits phytosanitaires, parce que le pouvoir que vous représentez se fait le relais particulièrement zélé des exigences de l'agrobusiness, ce qui se traduit par la défense d'un modèle agricole archaïque, ultra-dépendant de la chimie. On se souvient de cette séquence filmée à la dérobée dans un salon du Sénat, au cours de laquelle vous avez dit à un lobbyiste : « tu as vu, j'ai dit du bien des pesticides ! » C'était de l'ironie, paraît-il, mais ce qui est certain, c'est la pression que vous avez mise sur l'Anses pour contester sa décision, pourtant prise en toute indépendance et sur la base d'une expertise scientifique incontestable, d'interdire le S-métolachlore, un herbicide cancérigène.
Pour justifier votre politique pro-pesticides et pro-herbicides, vous opposez la santé à l'économie : sortir de la chimie, ce serait sacrifier des emplois. C'est doublement faux. D'une part, la transition vers une agriculture paysanne permettrait de créer massivement des emplois. D'autre part, c'est le libre-échange qui représente une menace pour notre filière agricole. Ce que nous attendons d'un ministre de l'agriculture, c'est qu'il bataille à l'échelle de l'Union européenne et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), non pas pour exiger une pause dans la réglementation environnementale, mais pour la renforcer.