« J'y gagne à ce que mes agnelles se fassent bouffer par le loup. Je remporte 200 euros par agnelle attaquée, alors qu'elles ne valent pas cette somme. Mais ce sont mes agnelles ». Tels sont les propos d'un éleveur qui, lors du week-end de Pâques, a subi deux attaques, malgré cinq chiens et un parc électrifié à vingt mètres des habitations à Beaumont-lès-Valence, dans la plaine drômoise. En 2022, mon département a été le cadre de 127 attaques. Derrière chacune d'elles, ce sont des éleveurs qui, du jour au lendemain, perdent tout. L'indemnisation des bêtes perdues ne suffit pas à les consoler. L'activité pastorale est essentielle, à bien des égards, à nos territoires de montagne. Le loup, espèce protégée par la convention de Berne, y est aussi chez lui, j'y insiste.
Malgré les expérimentations et l'investissement dans la recherche, les tensions montent dans mon département, instrumentalisées par certains. Les défis sont immenses : concurrence déloyale de la mondialisation, raréfaction et renchérissement du foncier, calcul des subventions de la PAC défavorable aux petites exploitations, multiplication des sécheresses liées au changement climatique… La prédation qui sévit dans la Drôme s'ancre dans un contexte déjà intenable pour le pastoralisme.
Monsieur le ministre, comment entendez-vous permettre le retour du dialogue dans nos montagnes ? Envisagez-vous de publier le bilan du premier plan loup ?