Intervention de Sébastien Jumel

Réunion du mercredi 7 juin 2023 à 16h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

La France a perdu 3 millions de vaches ces cinquante dernières années, dont 450 000 depuis qu'Emmanuel Macron est arrivé aux responsabilités. Dans ce contexte, la Cour des comptes a perdu une bonne occasion de se taire quand elle a ouvertement attaqué l'élevage français en s'abritant derrière le paravent de l'évaluation des politiques publiques, tout comme la Première ministre, qui nous a expliqué qu'il fallait réduire le cheptel ruminant dans notre pays. Ces postures très parisiennes, très métropolitaines, sont souvent adoptées par des gens bien élevés, qui n'ont pas trop de problèmes pour nourrir leurs enfants.

La petite musique qui est en train de monter contre l'élevage est préoccupante. Les humiliations sont permanentes pour ceux qui, travaillant soixante-quinze heures par semaine, gagnent à peine le Smic. Il faut arrêter le jeu de massacre : on ne convertira pas notre pays à la transition sans embarquer les acteurs. Si on oppose les salariés aux paysans et aux pêcheurs, on échouera dans la reconquête de la souveraineté alimentaire. Chez moi, dans le pays de Bray, en Normandie, qui a perdu beaucoup de vaches, un atelier laitier ferme chaque semaine. On convertit des terres en grande culture alors que l'on importe du lait. Notre pays de Cocagne est devenu importateur massif en viande et nous perdons notre souveraineté alimentaire. J'espère d'ailleurs que nous nous opposerons unanimement au traité du Mercosur dans quelques jours lors du vote d'une proposition de résolution.

Nous demandons un plan ambitieux de maintien de l'élevage à taille humaine, avec des exploitations familiales, un plan pour encourager les pratiques vertueuses et reconquérir notre souveraineté alimentaire. Je pourrais vous parler des aides d'urgence en faveur du bio : 60 millions d'euros, c'est un peu mieux que les 10 millions d'euros annoncés mais ce n'est pas à la hauteur des enjeux.

En quoi votre projet de loi répondra-t-il à l'urgence que rencontrent nos éleveurs, en particulier les éleveurs laitiers ? Je vous invite à nouveau, monsieur le ministre, à venir dans le pays de Bray : vous y visiterez des élevages laitiers qui, grâce aux pâtures, à l'herbe et aux haies, ont un bilan carbone positif.

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