« T'as vu, j'ai dit du bien de pesticides. » Cette phrase, qui a tourné en boucle la semaine dernière, était sans nul doute un malentendu car les pollinisateurs pourraient avoir disparu d'ici à la fin du siècle, précipitant ainsi la mort de l'agriculture. Tout nous montre que le modèle agricole est en train de s'effondrer sur lui-même, mettant en péril notre souveraineté alimentaire : l'été dernier, des éleveurs ont dû abattre leurs boucs faute de fourrage pour les chevreaux ; 60 % des oiseaux des champs ont disparu ces quarante dernières années ; 200 fermes mettent la clef sous la porte chaque semaine ; les trois quarts des fermes d'élevage bovin, souvent en pâturage, ont disparu ces quarante dernières années au profit de l'intensif ; 20 % des agriculteurs vivent en dessous du seuil de pauvreté ; un suicide tous les trois jours dans le monde agricole. Enfin, un Français sur cinq ne mange pas à sa faim et les files d'attente s'allongent devant les banques alimentaires ; l'inflation pénalise le bien manger pour tous ; les maladies chroniques et l'obésité explosent. Voilà pour les constats et le bilan des gouvernements successifs.
Face à ces urgences, nous nous inquiétons du déni ambiant, entre la proposition de loi « ferme France » adoptée par le Sénat, les déclarations hostiles à la Cour des comptes ou la proposition de supprimer l'Anses. Nous, écologistes, voulons sincèrement un avenir différent pour nos campagnes, aux côtés des agriculteurs, avec des pratiques agroécologiques qui se répandent, des agriculteurs reconsidérés et vivant dignement de leur production, le climat, la biodiversité et les milieux préservés et la fin des accords de libre-échange climaticides.
Le projet de loi d'orientation agricole sera examiné prochainement. Nous voulons y croire et faire des propositions d'avenir. Si cette loi ne réglera pas tout, elle peut être l'occasion d'agir pour protéger nos terres agricoles, mieux partager le foncier, adopter des mesures volontaristes pour inciter de nouveaux agriculteurs à s'installer. Il faut avoir le courage de ne pas laisser celles et ceux qui s'installent s'enfermer dans les pratiques du passé qui n'ont aucun avenir.
Le Président de la République a déclaré, en septembre dernier, que « les jeunes ne pourront pas s'installer avec les modèles agricoles d'aujourd'hui, et encore moins d'hier ». Nous y souscrivons totalement. Pouvez-vous donner des exemples de modèles emblématiques qui doivent être laissés de côté pour éviter d'enfermer nos agriculteurs dans une impasse ?