Dans le contexte actuel de changement climatique et de défis socio-économiques, il est primordial de définir de nouveaux axes pour construire l'agriculture de demain. Plusieurs de ces axes ont été évoqués lors de la concertation relative à la future loi agricole. Je souhaite néanmoins rappeler à quel point il est essentiel d'intégrer les futurs actifs dans l'univers agricole.
Le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) publiait en avril dernier une « contribution aux travaux préparatoires au pacte et à la loi d'orientation et d'avenir agricoles ». Dans la première partie de ce rapport sont présentées les spécificités et la diversité des nouveaux actifs agricoles : en reconversion professionnelle, ces nouveaux agriculteurs viennent d'un milieu social et professionnel hétérogène.
L'intégration dans le milieu agricole devrait être organisée, sous différentes formes, dès l'orientation scolaire. Le chercheur Sébastien Abis, que j'ai récemment rencontré dans ma circonscription, m'a dit quelque chose qui m'a interpellée : « Je suis né au siècle dernier, j'ai grandi à Lille et je n'ai jamais entendu parler d'agriculture. Je ne côtoie pas d'agriculteurs alors que l'agriculture et l'alimentation concernent tout le monde ». Cela doit nous inciter à favoriser l'intégration des métiers « agri » et « agro » dans les ressources du territoire et à rendre le monde agricole accessible dès le plus jeune âge. La formation professionnelle permet d'acquérir les compétences nécessaires, souvent spécifiques, afin d'exercer ces métiers. Enfin, l'intégration dans les différents réseaux locaux professionnels est centrale : elle permet l'immersion du public scolaire dans les entreprises agricoles.
Selon le dernier recensement agricole, la proportion d'agriculteurs formés en France est l'une des plus élevées en Europe. Le système français d'enseignement agricole joue donc un rôle essentiel en permettant à tous les types de candidats à l'installation un accès équitable aux formations et aux certifications.
Je salue le travail de communication volontariste sur les métiers et les formations agricoles. Cependant, les dispositifs permettant aux populations scolaires de mieux connaître le monde agricole et de changer leurs représentations de l'agriculture ne sont pas assez soutenus. La perméabilité entre les dispositifs éducatifs doit être encouragée. Des passerelles sont aménagées pour faciliter des parcours scolaires mixtes, des campagnes comme « L'Aventure du vivant » sont lancées, mais sans pour autant renverser la situation. Comment pourrait-on changer la donne en matière d'éducation agricole ? Il conviendrait de démocratiser les formations et les échanges avec les entreprises liées à l'agriculture dès le collège.