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Intervention de Jean-François Carenco

Réunion du lundi 5 juin 2023 à 14h05
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Jean-François Carenco, ministre délégué :

La cherté de la vie en outre-mer est un vrai sujet. Si la réalité du problème est incontestable, je rappelle, car on ne le dit pas assez, que l'inflation outre-mer est moins forte qu'en France hexagonale, sur tous les postes de dépenses. Quand je suis en déplacement, je dis parfois à mes conseillers, pour plaisanter, de prendre des bidons parce que l'essence est moins chère !

Veillons donc à ne pas affaiblir le discours que l'on doit tenir sur la vie chère avec des inexactitudes. Ce qui est vrai, c'est que la cherté de la vie – notion plus adéquate – pèse sur une population qui n'a pas le même niveau de revenu moyen que celle de l'Hexagone. Mais il n'y a pas d'inflation exponentielle en outre-mer.

Sur plusieurs points, nous pouvons agir. Je rappelle que le Gouvernement, par ma voix, a émis un avis favorable sur la création de la commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la Constitution – tout le monde se demandait ce que j'allais dire. C'est signe que nous nous en préoccupons. Je serai auditionné après-demain par la commission d'enquête.

Nous cherchons des solutions. Pour l'instant, elles sont ponctuelles. Sur l'électricité, j'ai obtenu le plafonnement de la hausse de son prix à 15 % pour les gros consommateurs que sont les mairies, notamment les services des eaux, les services publics et quelques usines. Cette disposition spécifique aux outre-mer est à mes yeux une victoire considérable, qui a évité une catastrophe générale. Comme c'est un succès, personne n'en parle.

Nous avons obtenu, et je repartirai à l'assaut cette année, un blocage de l'évolution des loyers à 2,5 % plutôt que 3,5 %.

Nous avons travaillé sur le bouclier qualité prix (BQP), que j'évoquerai en détail devant la commission d'enquête, et qui permet de plafonner le prix de centaines d'articles.

Le prix de l'eau, outre-mer, est un sujet compliqué, en raison de règles européennes complexes. Il a fallu que je me fâche pour obtenir la possibilité d'apporter de l'eau de l'île Maurice à Mayotte. Actuellement, je me bats pour que l'on puisse importer de l'eau de la partie hollandaise de Saint-Martin à la partie française. Les règles européennes sont un peu complexes mais les questions sanitaires doivent primer.

Le transport aérien fait partie de mes soucis en matière d'exécution budgétaire. J'ai proposé au Gouvernement, qui m'a suivi, de passer par le truchement de L'Agence de l'outre-mer pour la mobilité, qui a pour mission de travailler avec les collectivités locales. Son directeur général travaille avec chaque président. Elle travaille avec les dotations budgétaires mais aussi avec les crédits européens. Elle peut gérer la situation un peu mieux que la façon dont elle a été gérée jusqu'à présent. Mon objectif est d'obtenir le doublement de ses crédits en deux ans, sans renoncer à faire des économies, pour que tout cela fonctionne. Sur les transports, mon objectif, pour l'heure, est d'avoir des compagnies qui transportent des gens, ce qui n'est pas du tout évident.

Sur les charges sociales, ma position diffère de celle de M. Baptiste. Je suis très content qu'on se trompe si on se trompe dans le bon sens. Chaque année, le montant des exonérations de charges est supérieur à celui qui était prévu ; je serais vraiment fâché dans le cas contraire. Sur ce point, si nous pouvions nous tromper chaque jour, j'en serais très content !

L'emploi, outre-mer, est positif. Certains expliquent les chiffres par le fait que des gens ne se réinscrivent plus à France Travail, mais moi, je mesure l'emploi aux exonérations de charges sociales. Les gens n'ont pas décidé de ne plus s'inscrire à France Travail parce que je suis arrivé ! Certains ne s'inscrivent plus, d'autres trouvent du travail ; et ceux-ci, à en juger par la hausse des exonérations de charges sociales, sont nombreux.

L'action du ministre délégué chargé des outre-mer ne se réduit pas, c'est vrai, à son budget, qui n'atteint pas 3 milliards sur les 20 milliards que l'État dépense en tout pour les outre-mer. Tout le travail du ministre consiste à aller chercher l'argent là où il est, en demandant à ses collègues de la santé ou de l'énergie d'en faire plus. C'est un endroit où l'on est chargé de trouver des moyens pour aider douze territoires.

Sur le manque de postes à la DGOM, je suis entièrement d'accord avec M. Baptiste. Mon ministre de tutelle m'a dit d'en demander plus. Vérifications faites, je vais lui proposer un budget à quinze postes supplémentaires, ce qui, sur 170 postes, représente quand même une hausse de près de 9 %. Sinon, je n'y arrive pas. J'ai honte, mais je dois convoquer des réunions le dimanche à dix heures du soir.

Il manque des postes dans quelques préfectures. Je dois voir le ministre Attal dans la première quinzaine de juin. Je supprimerai certaines choses inutiles pour réaliser les économies qu'il demande à chaque membre du Gouvernement, mais je lui demanderai les moyens d'obtenir les postes nécessaires – une quinzaine au ministère et une petite dizaine bien répartie outre-mer.

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