Je partage l'avis de mon collègue Jumel : produire de l'électricité relève de l'intérêt national. Pour nous, l'électricité est même un bien commun, d'où notre attachement à la péréquation tarifaire. J'en profite pour dénoncer le double discours de nos autres collègues, qui répètent à l'envi qu'il ne faut pas opposer les énergies renouvelables et le nucléaire : or vous venez de permettre que les projets de construction de nouveaux réacteurs soient inclus dans l'enveloppe nationale, ce que vous avez refusé pour les énergies renouvelables. Ce faisant, vous avez choisi le nucléaire pour des raisons financières.
Nous en sommes déjà à 20 milliards d'euros pour Flamanville ; on a appris, la semaine dernière, qu'on n'en avait toujours pas le mode d'emploi, alors que la construction a déjà pris douze ans de retard. Les six nouveaux EPR, d'après le PDG d'EDF, c'est 52 milliards – et vous voulez en faire quatorze ! Le projet Cigéo – centre industriel de stockage géologique – à Bure, c'est 25 milliards, et le site n'accueillera pas les déchets qui seront produits par les nouveaux réacteurs, s'ils entrent un jour en service. Quant au grand carénage pour prolonger la durée de vie des centrales existantes, c'est environ 100 milliards. Vous avez mis tellement d'argent dans le nucléaire qu'il n'y en aura pas pour les énergies renouvelables, sauf si vous comptez sur la main invisible du marché – ce que vous avez fait à l'occasion du projet de loi relatif à l'accélération de la production d'énergies renouvelables, raison pour laquelle nous avons voté contre.
Par cet amendement, nous voulons limiter la puissance installée des réacteurs que vous avez choisi d'inclure dans l'enveloppe nationale à 63,2 gigawatts. Ce plafond a été pulvérisé pendant l'examen du projet de loi relatif à l'accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires, sous prétexte qu'il ne fallait ni plancher ni plafond. Or la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), toujours en vigueur à l'heure actuelle, dit que le nucléaire, c'est 50 % du mix électrique et 63,2 gigawatts de puissance installée. C'est un argument de bon sens pour éviter à Agnès Pannier-Runacher de travailler pour rien. Elle n'a pas invité le groupe des Insoumis à travailler sur la prochaine loi de programmation sur l'énergie et le climat (LPEC), mais la LPEC de cet automne aura justement pour objet de déterminer ce maximum.