Il est des propositions de loi que nous votons, puisqu'elles permettent des avancées minimes, mais avec un fort goût d'inachevé et d'occasion manquée ; c'est le cas de la présente proposition de loi.
Elle est une occasion manquée pour ces 200 000 femmes qui subissent chaque année une fausse couche. Certes, les sages-femmes – et pas seulement les médecins – pourront désormais adresser ces femmes à un psychologue, par le biais de MonParcoursPsy ; c'est une bonne chose. Mais encore faut-il pouvoir trouver ce psychologue ! Ces femmes ne pourront compter que sur les 2 100 psychologues conventionnés dans ce cadre, sur les 88 000 professionnels recensés en France. Si une femme se trouve au bon endroit, tant mieux, elle sera prise en charge ; sinon, tant pis. La proposition de loi ne répond pas à ce problème.
Elle est une occasion manquée pour toutes ces femmes qui vivent Trois mois sous silence, pour reprendre le titre de l'ouvrage de Judith Aquien. Trois mois pendant lesquels la collectivité ne reconnaît pas qu'elles sont enceintes. Trois mois qui, pour un grand nombre de femmes, s'apparentent à un enfer psychique, physique et psychologique – nous sommes nombreuses à l'avoir vécu, j'en suis certaine : nausées, vomissements, fatigue extrême, état dépressif. Trois mois pendant lesquels elles sont priées de taire leur état, par peur du grand tabou : la fausse couche. Trois mois, voire six mois, puisqu'il leur faut attendre ce délai avant d'être prises en charge à 100 % par la sécurité sociale. Comme si ce qui se passe avant ne comptait pas.
L'extension de la prise en charge des frais médicaux par l'assurance maladie à 100 % dès le début de la grossesse est l'un des moyens de reconnaître et de prendre en charge les difficultés des femmes pendant cette période. Vous comprendrez donc que nous soyons choqués que même notre proposition de rapport visant à aborder cette idée ait été rejetée en CMP, alors que nous l'avions tous votée en première lecture.