Intervention de Frédéric Valletoux

Séance en hémicycle du mercredi 14 juin 2023 à 15h00
Améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels — Après l'article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Valletoux, rapporteur de la commission des affaires sociales :

J'ai écouté l'ensemble de vos exposés et le constat est unanime : notre système a failli et est actuellement en crise – nous le savons. Il provoque des inégalités, alors même que l'égal accès aux soins est l'un des fondements de notre système de santé et l'une des valeurs auxquelles les Français sont attachés. C'est vrai, les chances ne sont pas les mêmes pour tous les Français, selon les territoires où ils vivent, face à l'accès aux soins, à certaines spécialités ou aux généralistes, et parfois même à l'accès à l'hôpital. Cela nous met profondément en colère.

Une fois ce constat dressé, nous devons collectivement, à l'occasion de ce débat, trouver des réponses pragmatiques, permettant d'améliorer concrètement l'accès aux soins des Français. Notre système de santé est profondément fragile et menacé par la pénurie de soignants. Là est bien l'enjeu. Certains parlent parfois de bureaucratie, de rigidité, de difficultés financières, de rationalité budgétaire mais, au fond, le vrai sujet est que nous manquons de soignants pour prendre en charge les Français.

Permettez-moi de citer quelques chiffres, qu'il est important d'avoir en tête au moment où nous débattons d'un sujet aussi majeur : les généralistes sont de moins en moins nombreux – comme les spécialistes, bien sûr. Or ce sont ceux qui exercent au plus près de nos concitoyens dans les territoires, ceux qui représentent la porte d'entrée dans le système de santé, qui accompagnent les Français dans toutes les étapes de leur vie. Souvent, le médecin de famille vous a connu jeune et vous accompagne pendant plusieurs années. Les généralistes, disais-je, sont de moins en moins nombreux : depuis les dix dernières années, ils sont déjà 10 000 de moins et la décrue se poursuivra malheureusement jusqu'en 2026, voire jusqu'en 2030, avec le risque d'une accélération. Plus de 25 % d'entre eux ont actuellement plus de 60 ans : cela signifie que, d'ici à 2030, ils seront nombreux à partir à la retraite, même si certains prolongeront leur activité – vous le savez, nombre d'entre eux consultent encore après 70 ans. Il faudra attendre 2030 pour retrouver les chiffres de 2006, lorsque les généralistes étaient encore au nombre de 105 000. Nous sommes, certes, au début d'un rebond, mais celui-ci sera très lent.

Il faudra sans doute, dans les années à venir, instituer un système permettant de ne pas reproduire les erreurs du passé. Quelles sont-elles ? Laisser l'offre médicale se concentrer dans quelques territoires, peu nombreux, parce que la main invisible du marché n'a pas bien joué son rôle et que les professionnels de santé se sont éparpillés aux quatre coins du territoire, en privilégiant les zones les plus attractives. Je ne suis pas contre le principe d'assurer une meilleure répartition des forces médicales dans le territoire, mais nous devons prendre le temps de le faire, avec les professionnels.

L'enjeu d'ici là, compte tenu des difficultés démographiques, c'est de conserver nos soignants – j'insiste sur ce point. Je l'ai expliqué, ils sont de moins en moins nombreux. Si nous perdons nos soignants, nous ne réussirons pas à améliorer l'accès aux soins des Français. Avec cette proposition de loi, nous envoyons donc aux soignants un message de confiance et de responsabilité.

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