Il est important de se mettre d'accord sur le diagnostic. Si le manque de médecins est avéré, c'est surtout leur répartition inégale à travers la France qui n'est plus tolérable. Il y a certes un problème de démographie médicale dans notre pays mais il ne se pose pas avec la même acuité dans tous les territoires. Vous le sauriez si vous habitiez en Ardèche méridionale ou dans la montagne ardéchoise, bassin de santé sous-dense comptant 100 000 habitants l'hiver et 300 000 l'été, dont le seul hôpital, celui d'Aubenas, est à deux heures du premier centre hospitalier universitaire – CHU.
Pour ce qui est des remèdes, disons-le, rien ne sert de mettre un sparadrap sur une jambe de bois. L'enjeu, c'est bien évidemment de former deux fois plus de médecins et de veiller à leur bonne répartition géographique. Prenons le nombre de médecins pour 100 000 habitants : pour les généralistes, l'écart suivant les départements va de un à trois ; pour les spécialistes, de un à six. L'Ardèche n'est pas la Gironde, la Creuse n'est pas les Alpes-Maritimes et les Vosges ne sont pas Paris intra-muros.
Voilà pourquoi nous proposons, le temps de former plus de médecins, de ne pas installer de nouveaux praticiens dans les zones les mieux dotées tant qu'il n'y a pas de départs à combler. Je crois que c'est une façon d'apporter un peu d'oxygène au système. L'entorse au principe de liberté d'installation ne nous paraît pas majeure. D'ailleurs, monsieur le ministre, cette régulation soft pourrait être au cœur des discussions avec les médecins, plus nombreux demain, mieux considérés grâce à la revalorisation de la consultation comme du statut d'interne, laquelle est aussi certainement au cœur du débat, et confrontés à moins de bureaucratie, comme tous les professionnels de santé nous le demandent.