Intervention de Julie Laernoes

Séance en hémicycle du mercredi 14 juin 2023 à 15h00
Régularisation du plui de la communauté de communes du bas-chablais — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulie Laernoes :

Monsieur le ministre délégué, vous avez défini vos priorités en matière de transport, et nous les saluons. Oui, les transports sont responsables d'un tiers de nos émissions de gaz à effet de serre, dont plus de la moitié sont imputables au transport routier. Aussi faut-il, vous l'avez dit, passer de la route au rail et développer les lignes ferroviaires régionales existantes pour offrir une alternative décarbonée à la mobilité du quotidien.

C'est le sens de la proposition de loi dont nous débattrons vendredi dans cet hémicycle. Elle vise en effet à renforcer les services express régionaux métropolitains et les transports du quotidien. Dès lors, comment, aujourd'hui, mercredi, pourrions-nous voter une loi dont l'objet est de permettre la construction d'une autoroute qui sera en concurrence directe avec le ferroviaire ?

Le Léman Express est le parfait exemple d'un service de train qui fonctionne ; il transporte plus de 58 000 passagers par jour. Il me semble, monsieur le ministre, que, si vous voulez être en cohérence avec vos orientations politiques, les 200 millions d'euros nécessaires à la construction de la nouvelle autoroute doivent être réorientés vers les aménagements nécessaires pour rabattre les usagers vers le train. Car cela manque, du côté français. Des études sont par ailleurs déjà engagées pour augmenter le nombre de passagers par wagon.

Comment pouvez-vous soutenir une proposition en totale contradiction avec la politique que vous menez ?

Surtout, vous le savez, ce n'est pas en construisant une autoroute privée, payante, que nous favoriserons l'accès à la mobilité. Il faudra débourser au bas mot 6 euros pour faire 17 kilomètres aller-retour, soit bien plus que pour faire le même trajet en train, si l'on compte le carburant et le prix du stationnement à Genève.

Comment, du reste, prétendre favoriser la mobilité pour toutes et tous par la route ? Ignorez-vous qu'en milieu rural, 20 % des femmes n'ont pas le permis ? Et lorsque le prix du carburant atteint 2 euros le litre, peut-on réellement continuer à affirmer qu'une autoroute payante favorisera la mobilité ?

Enfin, ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre, monsieur le ministre délégué : ce n'est pas en construisant une autoroute qu'on résout le problème des embouteillages, au contraire. Les études de l'Agence de la transition écologique (Ademe) le démontrent : plus on crée de routes, plus il y a de trafic !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion