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Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Séance en hémicycle du mardi 13 juin 2023 à 15h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Voilà la vraie question ! Sur cet accord, le Président de la République a dit tout et son contraire. Et les récentes déclarations du Gouvernement ne peuvent que nous inquiéter. N'oubliez pas que vous avez laissé faire la Commission de Bruxelles laquelle, avec son approche dogmatique du libre-échange intégral, a signé ce texte qui ne sert ni les intérêts de la France, ni ceux des pays du Mercosur.

Tout d'abord, parce qu'il augmente les quotas d'importations non assujetties à des droits de douane – 99 000 tonnes de viande bovine, 180 000 tonnes de volaille, 26 000 tonnes de viande porcine –, c'est un accord suicidaire pour notre agriculture. Celle du Mercosur n'est pas soumise aux normes européennes et utilise des antibiotiques et des pesticides interdits chez nous. La concurrence sera donc obligatoirement déloyale, nos agriculteurs ne pouvant s'aligner sur les prix de ceux du Mercosur.

Mais cet accord est également dangereux pour les nations du Mercosur. En tant que président du groupe d'amitié France-Brésil, je peux vous dire que nombreux sont ceux qui s'inquiètent, au Brésil, de la suppression des droits de douane pour leur industrie, qui va être déstabilisée. D'ailleurs, quand il était dans l'opposition, le président Lula avait dénoncé cet accord.

Enfin, la négociation a été lancée en 2000 et l'accord ne prend donc pas en compte le changement d'époque et la préoccupation environnementale mondiale. Ce n'est pas en spécialisant les continents – agrobusiness pour le Mercosur, industrie pour l'Allemagne – que l'on réduira l'effet de serre des transports de marchandises entre continents et que les différents pays pourront s'engager dans un développement diversifié, donc harmonieux !

Une fois de plus, l'hypocrisie de la Commission de Bruxelles est insupportable. Comment ose-t-elle présenter cet accord comme « un engagement à lutter contre la déforestation » alors que si, par malheur, il était approuvé, ce texte favoriserait encore plus la spécialisation agricole du Brésil au sein du système libre-échangiste mondial. Il conduirait donc à une augmentation de la production intensive de soja et, en conséquence, à davantage de déforestation en Amazonie. C'est évident !

Quelle incohérence que d'interdire la production et la consommation de certains pesticides en Europe quand on autorise les entreprises chimiques – notamment allemandes – à les revendre en Amérique du Sud, pour les retrouver, enfin, dans les produits importés ! Je le répète, quelle incohérence !

C'est pourquoi la France doit impérativement mettre son véto à cet accord non transparent. Monsieur le ministre délégué, en commission des affaires étrangères, il a un peu moins d'un mois, vous n'avez pas été très clair : allez-vous refuser la scission de l'accord pour éviter que, contrairement à celui avec le Chili ou au Ceta, il ne puisse pas s'appliquer sans ratification parlementaire ?

Allez-vous enfin développer une véritable politique avec l'Amérique du Sud ? Tous les présidents de la République ont choyé ce continent – souvenez-vous de la célèbre tournée du général de Gaulle ! Un seul n'y a jamais été, excepté un passage de deux jours à Buenos Aires pour le sommet du G20. C'est Emmanuel Macron : deux jours en six ans !

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