Intervention de Dara Khosrowshahi

Réunion du jeudi 25 mai 2023 à 16h00
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Dara Khosrowshahi, président directeur général du groupe Uber :

S'agissant de la pollution et de la congestion du trafic, les gens continueront de se déplacer. La demande en transport, loin de disparaître, va même augmenter. Ce que nous voulons, c'est être le chef de file en matière d'électrification des flottes de transport et la plateforme la plus propre sur la planète en matière de transport à la demande. Pour cela, il faut faire des investissements importants et tisser des partenariats avec les administrations locales et avec d'autres entreprises privées orientées vers une croissance durable.

Notre flotte sera entièrement électrique aux États-Unis et en Europe d'ici à 2030 et ne produira plus d'émissions de gaz à effet de serre dans le monde d'ici à 2040. Cette transition en est encore à ses débuts. Les chauffeurs inscrits sur la plateforme Uber, qui parcourent plus de kilomètres que le conducteur moyen, doivent être les premiers à passer du diesel à l'électrique : l'incidence sur l'environnement en sera extrêmement importante. Nous nous sommes engagés à investir plus de 800 millions de dollars dans des partenariats pour accompagner cette transition. Cela passe par la réduction de nos commissions sur les courses en voiture électrique, afin d'inciter le coursier ou le chauffeur à acheter un véhicule électrique.

Autre initiative très importante : la lutte contre le gaspillage alimentaire, dans laquelle Uber Eats est chef de file. Nous aidons des restaurants à acheter à moindre coût et à utiliser des emballages durables, afin que les consommateurs qui soutiennent cette démarche puissent commander de préférence dans ces établissements. Il y aura toujours de besoins de livraison et de transport mais le marché doit engager la transition en utilisant des véhicules propres ou électriques et en ayant recours à des emballages durables. Cela a un coût, certes, mais il y va de notre responsabilité envers le monde et envers les villes où nous travaillons.

En outre, cela profite à notre entreprise. Lorsqu'un consommateur commande un véhicule Uber Green, il peut se dire qu'il a pris une bonne décision. En Californie, tout un réseau de voies réservées est désormais ouvert aux véhicules électriques, de même qu'une quinzaine de kilomètres à Londres : il y a donc encore une grande marge d'amélioration.

Pour répondre à votre question sur les réfugiés, lorsque la guerre a éclaté en Ukraine, nous avions décidé, pour des raisons de sécurité, d'arrêter nos activités et de transférer nos chauffeurs en Pologne. Toutefois le gouvernement et les villes de ce pays nous ont demandé notre aide pour maintenir un réseau de transport. Nous avons donc relancé notre service par solidarité, en augmentant le nombre de villes où nous exploitons notre flotte et en offrant un transport gratuit aux réfugiés qui souhaitent quitter le pays. Ce n'est pas une entreprise rentable, certes, mais la responsabilité de notre entreprise est d'être sur le terrain.

Nous sommes très différents d'autres entreprises technologiques en ce que nous avons beaucoup de personnes sur le terrain, confrontées aux difficultés locales. Quand une ville a des besoins, et ils sont criants en Ukraine, nous sommes présents. Cela implique de transporter gratuitement des réfugiés. Cela signifie également qu'il faut une version différente d'Uber pour tenir compte des spécificités du pays.

Pour les personnes au chômage, notre plateforme présente l'avantage d'être très souple car elle leur permet de travailler quand elles veulent, où elles veulent et selon les modalités qu'elles souhaitent. Elles peuvent choisir de travailler à temps plein ou bien de travailler en complément avec une plateforme concurrente . Nous souhaitons également leur assurer une protection et des droits. C'est pourquoi nous tenons à poursuivre le dialogue social pour continuer à les renforcer, l'objectif étant d'attirer davantage de coursiers et de chauffeurs vers la plateforme Uber.

C'est un véritable sujet de société. Une personne au chômage devrait avoir le pouvoir de choisir ce qu'elle veut faire à l'avenir. Nous pensons que notre plateforme fait partie des choix possibles. Il est donc très important de nous assurer qu'elle est sécurisée, dans l'intérêt tant des clients que des chauffeurs. L'identité et l'historique de chacun sont vérifiés, par exemple concernant le statut d'immigration. Nous voulons aider les gens au chômage qui, parfois, traversent des moments difficiles.

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