Intervention de Thomas Ménagé

Réunion du jeudi 1er juin 2023 à 10h00
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Ménagé :

Je tiens tout d'abord à reconnaître l'honnêteté intellectuelle et le travail du président Tanguy, qui a eu le courage de se déporter et qui a donné son accord pour l'ensemble des auditions réalisées, notamment celles qui concernaient des membres de son parti. Je remercie aussi tous ceux qui l'ont relevé.

Vous avez accusé le Rassemblement national d'avoir utilisé son droit de tirage pour se laver, pour « purger » son honneur, et vous avez finalement réussi à faire du judo, utilisant, à l'inverse, cette commission d'enquête dans votre intérêt pour salir le Rassemblement national et laisser s'exprimer votre volonté de diffamation à son égard.

Madame la rapporteure, vous vous étiez émue du périmètre trop large de l'objet de cette commission, mais vous avez trouvé un moyen de le réduire en vous concentrant presque exclusivement contre le Rassemblement national. Nous nous sommes heurtés, dans le cadre de cette commission d'enquête, à des difficultés liées au secret-défense ou au secret de l'enquête, mais vous avez levé tous les problèmes en reprenant des propos tirés de Mediapart et en les mettant sur le même plan que ceux qui étaient exprimés sous serment – comme l'attestent les notes en bas de page, où rien n'est mis en perspective.

S'il est une erreur que le Rassemblement national peut reconnaître, c'est celle d'avoir cru à l'honnêteté intellectuelle de la plupart d'entre vous. Nous ne nous attendions certes pas à ce que vous soyez nos témoins de moralité et confirmiez la réalité des faits, mais nous aurions au moins attendu pour ce rapport une tournure beaucoup plus objective. Il est peut-être rare d'avoir à juger dans une commission d'enquête de faits relevant d'opposants politiques, et peut-être cela ne devrait-il pas être possible, car il est difficile d'avoir une vision objective lorsqu'on juge des personnes qui veulent prendre votre place ou vous faire quitter le pouvoir. Cependant, je crains qu'à force de crier au loup, comme la petite fille de l'histoire, en direction du Rassemblement national, vous ne finissiez par vous cacher les yeux et ne pas voir d'autres ingérences. Mme Pic a ainsi évoqué la Chine, que nous avons un peu oubliée, même si ce problème est lui aussi traité dans le rapport. Il n'y a pas lieu de nier les ingérences russes, que je suis le premier à reconnaître, mais en orientant le rapport contre le Rassemblement national, vous avez peut-être omis d'autres questions.

Nous n'avons, du reste, pas eu le temps d'auditionner certaines autres personnalités et des auditions ont été refusées. Je ne m'explique pas pourquoi – et je souhaiterais en avoir l'explication de la part des auteurs de ces refus au sein du bureau, dont je ne suis pas membre et dont j'ignore si les échanges peuvent être rendus publics – vous avez jugé qu'il n'était pas intéressant d'auditionner M. Raffarin ou M. Le Guen. On peut en effet s'inquiéter de cette volonté de masquer certaines personnalités qui auraient pu nous dire des choses intéressantes.

Si ce rapport est publié – et il le sera vraisemblablement –, il risque de salir notre institution. Quel crédit pourrons-nous demain accorder aux commissions d'enquête parlementaires si elles ne produisent plus un travail objectif, quasi scientifique, chirurgical, mais un tract politique ? Vous avez évoqué l'intérêt que ce rapport pourrait avoir pour les étudiants et les chercheurs, mais c'est, pour certaines de ses parties, manquer de respect aux étudiants et aux chercheurs que de le penser – même si je ne remets pas en cause la totalité du rapport.

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