Il est des sujets, plus que d'autres, à propos desquels il faut peser ses mots. L'aide médicale de l'État en fait partie, parce qu'elle touche à l'humain, à la santé et à des parcours individuels qui transportent tous leurs lots de blessures, de difficultés, de souffrances. Parler d'un sujet avec humanité et avec modération, cela ne veut pas dire l'esquiver : cela ne signifie pas qu'il ne faut pas en parler ou qu'il serait moralement condamnable de vouloir le réformer. Cela signifie simplement que lorsqu'on discute des conditions d'accès à des mécanismes de protection pour les plus fragiles, il faut prendre conscience des réalités diverses que cela recoupe.
L'aide médicale de l'État est un sujet qui revient souvent dans le débat public et, par la force des choses, au sein de notre assemblée. Si ce sujet est si récurrent, c'est parce que l'AME dit beaucoup de notre modèle social et de notre tradition d'accueil, l'une des plus généreuses au monde. Parce qu'elle nous renvoie aux dysfonctionnements de notre politique migratoire et parce qu'elle interroge la frontière entre humanisme et responsabilité, il est normal et sain d'en débattre, dès lors que ce débat se tient hors des caricatures aussi bien misérabilistes que xénophobes.