Oui, nous sommes résolument opposés à cette mesure, tout comme le ministère de la culture et les Ensa elles-mêmes, qui ont refusé d'appliquer ces hausses injustes. Quand on connaît la précarité des étudiants dans notre pays, augmenter les frais d'inscription est bien une aberration.
De plus, l'accroissement de la formation continue et de l'apprentissage au sein des Ensa ne peut se faire à moyens constants, c'est-à-dire au détriment de la formation initiale. Les Ensa doivent être en mesure de fournir ces prestations, mais il leur faut des moyens – des moyens publics, en l'occurrence. En effet, vouloir développer les ressources privées pour compenser la sous-dotation dont les Ensa sont victimes depuis des années sans pour autant les accompagner en les dotant de crédits suffisants, manque selon nous de pertinence.
Notons enfin que cette proposition de résolution émane de la majorité, dont nous contestons l'action en matière d'enseignement supérieur, tout comme nous contestons la place que vous donnez à l'architecture et à l'architecte dans notre société. J'en veux pour preuve la loi Elan – loi du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique –, votée par la majorité gouvernementale lors de la précédente législature, et qui a considérablement réduit et relégué au second plan le rôle de l'architecte.
Selon nous, l'architecte occupe un rôle social majeur. Grâce à son approche globale, il peut être un outil de résistance contre la course au profit sans fin dans le domaine de la construction, laquelle s'effectue d'ailleurs souvent au détriment de la qualité. L'histoire de mon parti, le parti communiste, est intimement liée à de grands architectes qui avaient pour seule boussole le bien-être et le beau accessibles à tous.
Ainsi, en faisant l'impasse sur ces sujets centraux tout en présentant des voies de financement auxquelles nous n'adhérons pas, cette proposition de résolution passe de notre point de vue à côté de son sujet. Nous voterons contre ce texte, mais loin d'être une fin de non-recevoir, cette opposition est plutôt une invitation à élargir nos travaux et la réflexion autour d'un projet global pour les futurs architectes et leur métier.