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Intervention de Fatiha Keloua Hachi

Séance en hémicycle du mercredi 7 juin 2023 à 15h00
Écoles nationales d'architecture — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFatiha Keloua Hachi :

Les écoles d'architecture traversent une crise majeure. Depuis février, les moyens de contestation s'y multiplient : assemblées générales, blocages et banalisations de cours ont rythmé les mois de février, mars et avril dans l'ensemble du réseau des Ensa. Alors que la mobilisation ne touchait au départ que quelques établissements, c'est l'ensemble du réseau des vingt écoles d'architecture qui s'est mobilisé ces derniers mois. Ces manifestations ne sont donc pas marginales ; elles ne sont pas non plus une première. En 2019, les étudiants, enseignants et agents administratifs du réseau des écoles d'architecture interpellaient déjà Franck Riester, alors ministre de la culture, pour aborder la question du manque de moyens après la réforme de 2018.

Le modèle des écoles d'architecture structurées en réseau des Ensa s'apparente au modèle des écoles d'art. Depuis cinq ans, nous, socialistes, alertons le Gouvernement sur la situation de ces établissements. D'ailleurs, en 2019, notre collègue Michèle Victory remettait son rapport issu de la mission flash sur les écoles d'art territoriales : il ne provoqua aucune réaction de la part du Gouvernement. Aujourd'hui, c'est votre majorité qui sonne l'alerte et, cette fois, à propos des écoles d'architecture. Mêmes problématiques, mêmes combats.

L'inquiétante situation des écoles d'architecture doit nous alerter sur la pérennité du modèle d'enseignement supérieur que nous souhaitons : accessible, ouvert et financé à hauteur de ses besoins. La double tutelle du ministère de la culture et du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche n'offre pas la visibilité requise sur les questions de financement, et plus de la moitié des écoles territoriales prévoient un budget déficitaire en 2023.

Ce manque de moyens les conduit à prendre des mesures d'austérité, notamment en réduisant les matériels et les heures de cours, sans autre objectif que le maintien de leur budget. En février dernier, l'Ensa de Darnétal, à côté de Rouen, en Normandie, a ainsi fait le choix de décaler d'une semaine son ouverture, faute de moyens.

Ces contraintes budgétaires, ce sont les étudiants qui sont les premiers à en faire les frais : augmentation des frais d'inscription, diminution des heures de cours, suppression d'intervenants extérieurs, réduction du nombre de professeurs, ralentissement des recrutements, autant de contraintes pour les écoles et de difficultés pour les étudiants concernés.

Ces mesures d'austérité menacent notre modèle d'enseignement supérieur, et plus particulièrement celui des écoles d'architecture. Alors que la demande ne fait qu'augmenter et que nous avons besoin de former des étudiants, les écoles ne sont plus en mesure de former les architectes de demain.

Le réseau des Ensa rassemble des écoles professionnalisantes, où la formation pratique occupe une place prépondérante. Or les moyens alloués ne le permettent plus, et c'est pour y remédier que nous devons agir.

Si nous devons financer le réseau des Ensa à la hauteur de ses besoins, c'est d'abord pour qu'une formation de qualité y soit dispensée, mais aussi et surtout pour éviter que les étudiants aient à assumer le coût de leurs études. L'État ne peut se défausser de sa mission de financement de l'enseignement supérieur. Dans le cas qui nous occupe, il revient au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche et au ministère de la culture d'allouer les crédits suffisants afin que le financement des écoles d'architecture ne relève pas des collectivités locales.

Le groupe Socialistes a toujours eu à cœur la défense d'un enseignement supérieur suffisamment doté et dont les étudiants n'ont pas à assumer des frais d'inscription différenciés ou en hausse. La précarité étudiante ne s'arrête pas à l'entrée des écoles d'architecture, écoles dans lesquelles les étudiants n'ont d'ailleurs pas toujours accès aux services des Crous – centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires – et où ils doivent déjà souvent financer leur matériel. J'ajoute qu'il nous semble inconcevable d'appliquer des droits d'inscription différenciés à certains étudiants extracommunautaires pour compenser le faible niveau de ressources propres des écoles.

Parce que nous défendons un enseignement supérieur accessible et public, nous voterons contre cette proposition de résolution.

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