La proposition de résolution relative à la définition d'un cap au bénéfice des écoles nationales supérieures d'architecture met en lumière des enjeux cruciaux pour l'avenir de nos futurs architectes. Le rapport d'Alexandre Holroyd démontre avec force, et on ne peut que le regretter, que l'ensemble de l'enseignement de l'architecture dans notre pays vacille.
Les fondations sont mauvaises : manque chronique de moyens, modèle financier dépassé et bien trop limité, et tutelle du ministère de la culture qui entrave son fonctionnement même. Il est grand temps de renforcer cet enseignement pour élever nos ambitions architecturales vers de nouveaux sommets.
Il est important de reconnaître que les réformes entreprises depuis 2005 et les décrets de 2018 ont rapproché l'organisation des Ensa de celle de l'enseignement supérieur. Toutefois, malgré ces avancées, des différences significatives subsistent. Tant sur le plan pédagogique que sur celui de la gestion, il est essentiel de continuer à travailler pour favoriser une harmonisation et améliorer l'intégration des Ensa dans le paysage de l'enseignement supérieur français.
Le financement, l'un des points critiques abordés dans le rapport, révèle une situation économique intenable. Une dépendance excessive vis-à-vis du ministère de la culture impose aux Ensa des défis financiers et limite leur flexibilité. La solution la plus évidente consiste à différencier les droits d'inscription des étudiants français de ceux des étudiants extracommunautaires. On pourrait, ce faisant, augmenter significativement les capacités financières des Ensa, fondées essentiellement sur les droits d'inscription. En rebaptisant leurs établissements « écoles nationales sans argent », les élèves, les enseignants et les autres personnels, en grève, revendiquent une meilleure considération.
La tutelle des Ensa est également à reconsidérer. Afin d'assurer une meilleure coordination entre les différents acteurs et une prise de décision plus efficace, cette tutelle se doit d'être plus claire et plus solide. Celle du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, quasi inexistante, doit se doter des compétences adéquates afin de rapprocher les Ensa d'autres établissements d'enseignement supérieur.
La remise à niveau des locaux et des capacités d'accueil est impérative. Elle doit s'accompagner d'une augmentation des effectifs administratifs, jugés trop faibles. Ces déficiences entravent le bon fonctionnement des écoles et affectent la qualité de l'enseignement dispensé. Dans cette optique, les écoles volontaires doivent pouvoir gérer elles-mêmes leur propre personnel, comme c'est le cas des autres établissements d'enseignement supérieur. Un rapprochement avec les écoles d'ingénieurs est aussi une condition de l'amélioration de la formation reçue.
Le nombre des étudiants en école d'architecture par rapport à la population est l'un des plus faibles d'Europe. Nous n'accueillons en effet que 20 000 étudiants dans cette discipline chaque année, et ce nombre reste stable depuis plus de vingt ans. Il est donc nécessaire d'envisager des mesures pour encourager une augmentation maîtrisée du nombre d'étudiants afin de répondre à la demande croissante et de garantir une offre de formation de qualité. C'est l'enseignement même de l'architecture dans notre pays qui est en danger.
Réflexion sur les mécanismes de financement, réforme de la gouvernance, soutien apporté aux ressources humaines et aux infrastructures et attention particulière accordée à une croissance maîtrisée des effectifs : autant d'axes d'amélioration qui permettront de sauvegarder et de moderniser nos écoles d'architecture.
La proposition de résolution est un premier pas vers la définition d'un cap au bénéfice de ces écoles. C'est pourquoi mes collègues du Rassemblement national et moi-même voterons en faveur de ce texte. Il nous faut agir avec conviction pour donner des fondations solides et saines à nos écoles nationales supérieures d'architecture.