S'il est un domaine où la programmation des dépenses sur plusieurs années est indispensable, c'est bien celui de la défense nationale. En effet, la conception, la réalisation, la livraison et la prise en main des équipements et des matériels s'étalent sur plusieurs années. La capacité de notre pays à se défendre ne peut pas dépendre des aléas de la conjoncture économique. La précédente loi de programmation militaire peut, à cet égard, faire figure d'exemple : malgré les crises qui ont frappé notre pays, elle a été respectée à l'euro près. Après des décennies de coupes budgétaires, notre majorité a tenu l'engagement qu'elle avait pris de réparer nos armées ; le texte qui nous est soumis aujourd'hui poursuivra ces efforts.
Garantir l'efficacité de nos armées nécessite de la détermination et de la constance dans l'effort budgétaire, sur la base d'une analyse fine et panoramique des risques à conjurer. Ces risques, nous avons pu les mesurer au fil de nos débats, dans une atmosphère de sérénité et de respect mutuel devenue trop rare dans notre hémicycle, et à laquelle votre sens de l'écoute a beaucoup contribué, monsieur le ministre. La nature des risques et des défis nous a aussi sans doute collectivement incités à une forme de gravité.
La réalité géopolitique est complexe et faite de menaces nouvelles, notamment celles qui sont liées aux nouveaux impérialismes : l'Ukraine est le terrain d'expression de ce phénomène qui menace l'Europe tout entière. Les conflits étant aujourd'hui hybrides, il nous faut assurer la protection de nos citoyens et de nos intérêts dans ces nouveaux espaces de conflictualité – de l'espace exoatmosphérique aux fonds marins, en passant par le cyber. Pour cela, il nous faut, bien évidemment, renforcer nos armées.
La trajectoire budgétaire de 413 milliards d'euros sur sept ans, que nous nous apprêtons à voter, apporte des réponses. Mes chers collègues, il n'est pas d'armée sans principes ni doctrine. Le présent projet de loi inscrit notre défense nationale dans une logique d'alliances qui, depuis des décennies, par-delà les alternances politiques, fondent notre stratégie diplomatique et de défense. La dissuasion nucléaire, clé de voûte de notre défense et de notre souveraineté, en sortira renforcée, notamment grâce à la construction du porte-avions de nouvelle génération et des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) de troisième génération. Ils assureront la crédibilité de notre dissuasion, corollaire indispensable de notre sécurité.
Nos choix d'équipement réaffirment aussi notre modèle d'armée complet en répondant aux défis des conflits d'aujourd'hui par l'acquisition de nouveaux véhicules terrestres, de Rafale de dernière génération, de munitions et de drones. Notre sécurité et les moyens de notre sécurité : c'est bien de cela qu'il s'agit aujourd'hui !
Avant de voter ce texte, il nous faut également répondre à une interrogation de beaucoup de nos concitoyens : tant d'argent pour l'armée, est-ce bien raisonnable ? La question est légitime et mérite une réponse de notre part, laquelle repose sur une réalité simple mais implacable : la paix est la condition de la survie de notre modèle social. Et la paix, pour être préservée, doit être garantie par un effort de défense à la hauteur des risques.
Le budget annuel des armées aura certes plus que doublé entre 2017 et 2030 : c'est le prix à payer pour notre sécurité ; il convient de le comparer à ce que la France consacre à sa protection sociale. La réalité, c'est que notre pays, chaque année, dépense quatorze fois plus pour la protection sociale des citoyens que pour la défense nationale.
Les dépenses militaires que nous nous apprêtons à voter constituent en outre un facteur puissant de développement économique et technologique : les investissements inscrits dans la LPM irrigueront l'ensemble de notre secteur industriel de défense, favorisant et accélérant la réindustrialisation de nos territoires.