Il faut le rappeler, le principal enjeu de ce projet de loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030 est avant tout d'assurer la sûreté de nos concitoyens et de tous nos territoires. Nous en avons parlé tout au long du débat : pensons à nos territoires d'outre-mer, qui font le rayonnement de notre pays. Poursuivre l'exécution de la LPM pour les années 2019 à 2025 sans nous remettre en question aurait relevé de l'apathie stratégique. Souvenons-nous que l'un des principaux échecs de l'entre-deux-guerres a été l'absence de réforme de la défense nationale et la lente désagrégation du modèle de l'armée, jusqu'au blocage stratégique.
La LPM pour les années 2024 à 2030 est marquée par deux ambitions bien distinctes qui adapteront notre stratégie militaire, en ses différentes capacités stratégiques, aux évolutions que le chef d'état-major des armées, le général Thierry Burkhard, a appelées de ses vœux. Par ailleurs, elle fixe une trajectoire financière de 413,3 milliards d'euros, dont 13,3 milliards d'euros de ressources extrabudgétaires.
Aussi impressionnant qu'il puisse paraître, l'effort financier est en partie absorbé par deux enveloppes : celle qui est consacrée à la dissuasion, d'un montant de 20 milliards, et celle qui est dédiée à l'inflation, de l'ordre de 30 milliards. C'est dans ce cadre financier qu'il nous faut regarder cette LPM non pas comme un texte de transformation, mais comme un texte d'évolution, caractérisé par de véritables choix opérationnels pour adapter nos armées aux évolutions observées depuis la guerre civile syrienne et l'intervention russe, c'est-à-dire plus précisément le contexte de la guerre menée par l'Azerbaïdjan contre l'Arménie et l'invasion de l'Ukraine par la fédération de Russie.
En ce sens, le nouveau modèle de l'armée de terre permettra, à effectifs constants, de renforcer les régiments d'appui et de soutien en prélevant des soldats sur les régiments dits de mêlée – artillerie, cavalerie, infanterie. L'idée maîtresse est de diminuer leur vulnérabilité face aux nouvelles menaces constatées et de renforcer leur aptitude à durer sur un théâtre, malgré toutes les atteintes qui pourraient être portées contre les différents échelons arrières ou centraux.
Monsieur le ministre, nous saluons votre engagement à pallier par de nouvelles ressources certaines des cessions effectuées au profit de l'Ukraine, après dépôt de la LPM, afin de ne pas les faire peser sur le budget de nos armées.
Cette LPM a aussi permis de renforcer la place et le rôle des parlementaires dans la définition de la politique de défense. Son examen a été l'occasion de consolider le pouvoir de contrôle des commissaires de la défense nationale sur l'exécution de la LPM, ce que nous saluons.