Je suis quelque peu surpris ce matin par la faiblesse des arguments et par les attaques ad hominem contre un rapporteur qui n'a pas moins de trente années d'ancienneté dans ce Parlement.
« La dignité passe par le sentiment qu'on a de son utilité » : ces mots d'Henri Lamoureux doivent nous pousser à nous interroger sur le sens que nous allons donner à notre mandat de député. Nous avons tous été élus au suffrage universel pour représenter le peuple, pour faire entendre ses inquiétudes, ses desiderata, ses désaccords. Notre utilité de parlementaire s'exprime à travers le vote. Alors à quoi servons-nous si nous ne votons pas ? Notre dignité nous a été confisquée par le Gouvernement, qui a tordu dans tous les sens la Constitution et le Règlement de l'Assemblée pour nous empêcher de nous exprimer sur cette réforme injuste, brutale et illégitime. Disons-le, il n'était pas digne de passer en force par l'article 49, alinéa 3, ni d'exercer des pressions sur les députés en faisant du chantage au vote. Il serait encore moins digne, maintenant, de saborder ce texte et de bafouer, une fois de plus, le Parlement.
C'est avec beaucoup d'humilité que notre groupe a déposé cette proposition de loi. Elle est une main tendue vers chacun d'entre vous, majorité comme opposition, pour retrouver le sens de notre mandat : voter la loi. Les présidents des groupes Horizons et Démocrate plaidaient eux-mêmes, il y a quelques semaines, pour que nous allions au vote.
Alors votons. Cessons d'être spectateurs de la crise sociale qui déborde, sortons-en par le haut. C'est tout le sens de la conférence sociale prévue à l'article 2, à laquelle toutes les organisations syndicales se disent prêtes à participer. J'espère que chacun, ici, comprendra le sens de notre démarche : une volonté de nous remettre collectivement au travail, pour trouver des solutions justes et efficaces et pour pérenniser notre système de retraite.