La réforme des retraites que nous souhaitons abroger a donné lieu à une contestation sociale d'une ampleur inédite depuis 1968, tant en termes de nombre de manifestants que de durée du conflit. Dans aucun autre pays, un conflit d'une telle ampleur n'aurait pu se dérouler sans que jamais les organisations syndicales ne soient reçues. Il s'est donc transformé en crise démocratique, elle aussi inédite.
Permettez que j'use de mots quelque peu solennels, pour que vous compreniez dans quel état d'esprit nous abordons ce texte. Nous ne sommes pas les acteurs d'une pièce de théâtre, nous ne sommes pas là pour traficoter la démocratie, user d'articles jamais usités du tréfonds du Règlement. Nous ne sommes pas là pour mettre à mal toute la jurisprudence de notre assemblée, ni pour jouer au bonneteau, en remplaçant en dernière minute, dans la nuit, les députés membres de cette commission par de bons petits soldats qui lèveront leur main lorsqu'on le leur demandera.
Nous sommes là pour être la représentation du peuple. Aujourd'hui est une heure de vérité. Élection après élection, la participation s'amoindrit, les Français et Françaises ne voient plus l'utilité de se déplacer pour aller voter. Après chaque élection, le gagnant nous promet, la main sur le cœur, des trémolos dans la voix et la gravité aux sourcils, qu'il va tirer le bilan de la faible participation. Immanquablement, il trahit. Notre démocratie est fragile, l'entendez-vous ?
La Première ministre a dit, hier, que la présente proposition de loi était inconstitutionnelle. N'ayez donc pas peur du vote ! Nous vous mettons en garde sur le point de rupture qui se profile : attention au barrage démocratique de plus, il peut craquer et faire déborder la colère d'un peuple qui ne sait plus comment s'exprimer et qui trouve dans la violence une forme d'expression, par dépit et par désespoir. Entendez le peuple et adoptons ce texte !