Nous voici réunis dans cette commission que nous avions quittée avec un goût d'inachevé. Si nous avions pu tant bien que mal pointer les manquements d'une réforme injuste, inutile et même insensée, jamais, ni ici, ni dans l'hémicycle, nous n'avons voté cette réforme des retraites.
Le Parlement n'est pas une caisse enregistreuse, un obstacle qui devrait être enjambé : je demande donc aux groupes Renaissance, Horizons, Démocrate et Les Républicains de revenir à la raison. Le vote des Français le 19 juin 2022 n'est pas une contrainte qu'il vous faudrait supporter en poursuivant obstinément l'application à marche forcée de la feuille de route du macronisme.
La composition du Parlement résulte de la volonté souveraine et démocratique du peuple français. S'il ne vous a pas donné de majorité pour faire voter cette réforme, vous n'avez pas de mandat pour obliger les Français à travailler jusqu'à 64 ans minimum, et à cotiser 43 annuités. Si au contraire vous croyez avoir ce mandat, laissez la représentation nationale s'exprimer enfin le 8 juin prochain ! Ne craignez pas la démocratie : acceptez le résultat des urnes, ou bien appelez les Français à s'y rendre à nouveau !
Je vous mets en garde solennellement. La colère gronde. Les coups de force procéduraux qui ont émaillé l'examen de la réforme des retraites, avec les 47-1, 44, alinéa 3, ou 49, alinéa 3, et la petite manipulation de la recevabilité à laquelle vous pensez vous livrer ce matin pourraient avoir des conséquences bien plus graves que vous ne l'imaginez.
Les Français rejetaient votre réforme hier, ils la regrettent aujourd'hui, ils la rejetteront demain. « Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Voici venu le temps de vous arrêter. Le groupe Rassemblement national votera pour la proposition de loi.