Je souhaite reprendre un certain nombre d'éléments représentatifs du travail qu'il reste à accomplir. S'agissant de l'avenir professionnel des étudiants, nous avons, Mme la ministre, des statistiques différentes qui a priori proviennent pourtant de la même source. À ma connaissance, 45 % des étudiants deviennent architectes, c'est-à-dire qu'ils passent l'habilitation et s'inscrivent à l'ordre. Nous avons beaucoup moins de certitudes pour le reste des étudiants. Certains travaillent pour des collectivités territoriales, d'autres pour des groupes de BTP ou dans des cabinets d'architecture. La Caisse des dépôts mène précisément une étude pour connaître le devenir des étudiants après l'Ensa.
Je suis très surpris par le chiffre de 2,3 % d'étudiants extracommunautaires. En effet, il y a 15 % d'étudiants étrangers dans les Ensa et, sur les dix premières nationalités, une seule est européenne.
Par ailleurs, le rapport s'est attaché à la dimension budgétaire des Ensa et non à la question pédagogique, qui relève de la commission de la culture. Nous n'avons donc pas traité certains éléments essentiels que vous avez évoqués comme la charrette, le caractère des études ou la maquette pédagogique.
Le transfert des Ensa en T3-T2, c'est-à-dire le passage de centralisé à décentralisé, constitue une demande de la majorité des Ensa. Elles estiment ainsi qu'il est extrêmement difficile de gérer des petites équipes quand elles sont en partie décentralisées. La dimension d'une Ensa par rapport à une université se pose évidemment et nécessitera sans doute un accompagnement financier complémentaire.
Malgré tout, toutes les directions d'Ensa que j'ai rencontrées m'ont fait part de leur volonté d'être plus autonomes sur la manière dont elles organisent leurs équipes administratives. Cela suggère de suivre l'exemple du ministère de l'enseignement supérieur à la suite de la réforme de 2008, c'est-à-dire de passer des T3 vers les T2.
S'agissant de la tutelle unique, et pour reprendre la métaphore employée par Mme la ministre, je constate malheureusement que l'une des fées est absente. Dans le rapport, je propose donc d'en tirer les enseignements : la charge financière devrait passer au ministère de la culture et le MESR devrait se concentrer sur les questions pédagogiques.
Enfin, concernant les ressources propres, je propose effectivement que les Ensa effectuent à leur tour un effort, ce qui supposerait de dégeler les frais de scolarité, afin qu'ils se rapprochent de ceux que le ministère de la culture met en œuvre pour l'ensemble de ses autres établissements. Cette augmentation serait relativement modeste. En outre, d'autres ressources propres pourraient être développées à travers la formation et l'alternance. De manière très concrète, selon les termes de la loi, une fois qu'il est formé, un architecte doit faire 20 heures de formation annuelle. Il existe donc un vivier potentiel qui pourrait revenir aux Ensa, qui ont formé ces architectes. Naturellement, il est nécessaire de disposer de personnels administratifs pour gérer ces projets.
Il en va de même pour les partenariats avec les entreprises. Je pense notamment aux partenariats de recherche concernant les matériaux de construction d'avenir, d'autant plus que les entreprises peuvent apporter un concours financier sur la recherche, mais également fournir des laboratoires ou des outils essentiels pour les étudiants en architecture.
Le rapprochement avec les EPE offre potentiellement une capacité de répondre collectivement avec d'autres établissements partenaires à des projets de recherche pour engranger à nouveau des ressources propres. En résumé, il me semble qu'il existe des pistes qui, conjuguées entre elles, pourraient entraîner un rehaussement de ces écoles qui le méritent, au regard de leur importance stratégique pour notre avenir. Je pense évidemment à la transition écologique et la rénovation du bâtimentaire, qui nécessiteront des besoins considérables en architecture.