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Intervention de Rima Abdul-Malak

Réunion du lundi 15 mai 2023 à 15h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Rima Abdul-Malak, ministre :

Les dépenses fiscales sont essentielles au financement de la culture et représentent environ 2 milliards en 2023. Elles sont limitées dans le temps et font naturellement l'objet d'évaluations quantitatives et qualitatives.

Concernant le « plan cathédrales », le chantier de Notre-Dame de Paris avance à bon rythme et des étapes décisives ont été récemment franchies avec l'installation du tabouret, qui permet de faire monter la flèche tant attendue. Compte tenu de la collecte très généreuse et de la mobilisation de moyens dans le monde entier pour restaurer Notre-Dame, il ne sera pas nécessaire d'engager des crédits de paiement supplémentaires.

Les écoles d'architecture figureront au premier rang de la transition écologique. En effet, leurs étudiants sont en train d'inventer de nouveaux procédés, de repenser les modes de production, de travailler sur de nouveaux matériaux mais aussi la réhabilitation de l'existant. De très grands architectes français comme Lacaton et Vassal, lauréats du prix Pritzker, ont ainsi placé la réhabilitation de l'existant au cœur de leurs travaux.

J'ai aussi souhaité créer un nouveau prix collectif pour susciter une mobilisation d'ensemble. Ce palmarès Réséda permettra de valoriser les projets de fin d'études axés sur la transition écologique. Les vingt projets seront réunis dans un campus commun à la villa Médicis à Rome pour permettre aux lauréats de se rencontrer et de créer une émulation. Ils pourront ainsi montrer à l'ensemble de la société des projets inspirants pour penser la transition écologique de demain.

S'agissant du patrimoine, je remercie M. Tanguy d'avoir cité les églises de la Somme, où j'ai passé une journée assez mémorable. En plus des crédits du ministère de la culture, d'autres transitent par les préfectures. Dans la Somme, quatre millions d'euros ont été dirigés vers une centaine d'opérations, dont un grand nombre d'églises qui ne sont pas inscrites en tant que monuments historiques. Au total, environ 50 millions d'euros passent par les préfectures chaque année.

Le ministère de la culture est pour sa part en charge des 45 000 monuments historiques sur l'ensemble de la France. La loi de 2004 a fixé les responsabilités des uns et des autres en la matière. Bien évidemment, je prends en compte l'existence de monuments non protégés, pour partie pris en charge via le Loto du patrimoine, lequel a été créé pour soutenir le patrimoine de proximité avec des aides de l'État. Désormais, plus de 760 sites ont été sauvés depuis 2018, dont la moitié n'étaient pas classés au titre des monuments historiques.

Le fonds incitatif pour le patrimoine représente un enjeu important et j'ai tenu à l'augmenter de 12 % en 2023. Celui-ci contribue notamment à financer à hauteur de 40 % le chantier de l'église de Conty évoquée par M. Tanguy. Il concerne majoritairement des petites communes (77 % des chantiers interviennent dans des communes de moins de 2 000 habitants), où 600 chantiers ont été financés depuis 2018,

M. Tanguy, nous referons un point sur les cachets des acteurs. Je note que, contrairement à vos collègues, vous ne proposez pas de conditionner les aides aux films qui font la promotion de l'histoire de France. Vous contestez par ailleurs le mode de financement de l'audiovisuel public. Je précise qu'il s'agit là de la TVA déjà collectée, dont une part est fléchée sur un compte de concours financier pour financer l'audiovisuel public. Nous connaissons les prises de position assez claires que Marine Le Pen a tenu pendant la campagne en faveur de la privatisation de l'audiovisuel public, mais je constate que vous nuancez ce propos. Enfin, j'ai évoqué précédemment l'ensemble des chiffres et les missions de l'audiovisuel public, dont le financement de la création, le sport dans toute sa diversité et l'impact économique en termes d'emplois.

S'agissant des filières scientifiques et de surveillance, j'étais ce matin même en réunion avec l'intersyndicale du ministère de la culture, où nous avons discuté de l'organisation des concours et de la simplification nécessaire. Dans le domaine du patrimoine, nous accordons une priorité au recrutement dans le corps des architectes urbanistes de l'État, où 100 postes ont été ouverts il y a quelques mois. Le Louvre organise également son concours pour la filière surveillance et a ouvert à cet effet 90 postes.

Ensuite, le pass Culture ne sert pas uniquement à lire des mangas, lesquels constituent cependant un phénomène culturel mondial. Lorsque les jeunes se rendent dans les libraires pour acheter des livres à l'aide du pass Culture, les libraires arrivent à ouvrir leurs horizons. De fait, plus de 60 % des jeunes qui sont venus acheter un manga ressortent avec un autre livre : la part du manga dans le pass Culture ne cesse de diminuer. Aujourd'hui, la répartition des dépenses des jeunes disposant de la part individuelle du pass Culture s'effectue de la manière suivante :

– 36 % pour le livre, dont particulièrement des bandes dessinées et des livres de cuisine ;

– 27 % pour la musique, dont 20 % pour des places de concert et 7 % pour des achats d'instruments ;

– 26 % pour le cinéma.

S'agissant des Français de l'étranger, chaque pays dispose de spécificités, y compris en matière de réseau culturel français. Nous travaillons ici sur les offres individuelles à destination des jeunes de 18 à 19 ans, car l'offre collective entraînerait un saut budgétaire extrêmement significatif. Nous menons un travail sur le calibrage, la détermination des acteurs culturels et les modalités d'utilisation de l'application. Nous ne pouvons pas vous donner un calendrier très précis au mois près, mais sachez que nous sommes très mobilisés.

Enfin, il existe un immense enjeu sur les librairies francophones, qui me tient particulièrement à cœur. Je ne serais pas devant vous aujourd'hui si enfant, au Liban, je n'avais pas pu fréquenter des libraires francophones dans lesquelles je pouvais me réfugier en pleine guerre civile pour y lire avec ma sœur et mon frère. Les librairies francophones sont essentielles, notamment pour les plus jeunes. Elles sont confrontées à des difficultés liées aux conditions d'acheminement. Dès mon arrivée, j'ai débloqué des aides exceptionnelles pour celles qui étaient en train de fermer au Brésil, au Mali ou au Liban.

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