Notre soutien au spectacle vivant est renforcé en 2023, avec un budget en hausse de 7 %. Le Fonpeps a quant à lui vocation à développer l'emploi permanent plutôt que l'emploi intermittent. Face à la hausse des factures de l'énergie, nous avons également débloqué des aides spécifiques à des structures fragiles labellisées par le ministère de la culture, en complément, quand cela était nécessaire, des aides transversales mises en place par Bercy.
Ensuite, je tiens à insister sur le développement qualitatif du pass Culture, et notamment l'implication des jeunes. Nous avons ainsi créé un réseau de 400 jeunes qui effectuent des propositions et sont consultés par les équipes du pass Culture. Ils testent des propositions et relaient les activités auprès de leur réseau. Cette mobilisation permet de mieux écouter les jeunes, de les impliquer et de les toucher de manière plus qualitative.
Le pass Culture n'est pas qu'un acte de consommation, mais un outil de participation et d'engagement des jeunes. Je pense notamment au développement de la connaissance des métiers de l'information : nous avons mis en place des sessions de pass Culture Reporters, notamment sur certains festivals de musique. J'ai par exemple pu accompagner des jeunes aux Francofolies de La Rochelle, qui ont passé plusieurs jours à créer des podcasts, faire des vidéos, tourner en coulisse et interviewer des artistes. De telles activités permettent de créer des parcours, des expériences et des formations pour faciliter l'orientation professionnelle future des jeunes.
De fait, le pass Culture n'est pas qu'un outil pour acheter des places de concert et de cinéma, même s'il y contribue : plus de 4,5 millions de places de cinéma ont été vendues via le pass Culture en 2022, qui a largement dopé la fréquentation des salles. Entre parenthèses, on ne peut que se réjouir d'avoir atteint au mois d'avril 2023 la meilleure fréquentation depuis le début de la pandémie (+3 % par rapport à la période avant mars 2020). Nous avons travaillé ces trois derniers mois avec l'ensemble de la filière à redynamiser notre envie de cinéma. Nous ne pouvons que nous féliciter d'être un peuple de cinéphiles, quand nos voisins italiens enregistrent une baisse de 60 % de la fréquentation de leurs salles de cinéma. Ceci est notamment le fait de jeunes.
Le cinéma est par ailleurs la deuxième sortie privilégiée par les enseignants dans le cadre du pass Culture collectif, après le théâtre. Aujourd'hui, 3 millions de jeunes bénéficient du pass Culture, qui correspond aussi à 22 000 structures culturelles référencées inscrites, à 77 millions d'offres et de propositions et à 364 millions dépensés par les jeunes, sans compter les propositions gratuites offertes par certains partenaires.
L'élargissement aux classes de cinquième et de sixième s'effectuera à partir de septembre 2023. Aujourd'hui, en quatrième, troisième et au-delà, 25 euros sont consacrés par élève pour les sorties via le pass Culture ou l'accueil d'artistes. Nous avons par exemple mis en place avec le Centre national du livre des master class et des résidences d'auteurs dans les collèges et les lycées. Concernant les jeunes en apprentissage, nous effectuons un travail avec le ministère de l'éducation nationale et les filières professionnelles qui en assurent la majorité du financement.
S'agissant des Français de l'étranger, lorsqu'ils sont en France et qu'ils correspondant aux âges du pass Culture, ils peuvent s'inscrire et de bénéficier des mêmes propositions que ceux qui vivent toute l'année en France. De plus, des partenariats sont à construire avec les structures françaises institutionnelles dans les différents pays (Instituts français, Alliances françaises) dans les différents pays pour proposer une offre adaptée. Nous sommes en train de voir comment l'application peut fonctionner dans les différents pays.
Les écoles d'architecture représentent un formidable vivier de 20 000 étudiants, futurs bâtisseurs qui dessineront le monde de demain et saisiront à bras le corps la transition écologique.
S'agissant du patrimoine, vous avez évoqué les crédits de restauration en dehors des grands projets. Ils concernent essentiellement les crédits déconcentrés du programme 175 grâce à l'action des directions régionales de l'action culturelle (DRAC), qui versent des subventions aux propriétaires de monuments historiques, qu'ils soient publics ou privés, ainsi que l'entretien et la sécurisation des 87 cathédrales dont l'État a la charge. J'ai bien entendu vos propos concernant l'amélioration de la consommation des crédits de restauration. Les DRAC établissent chaque année une programmation fine en fonction des urgences et des capacités financières des maîtres d'ouvrage.
Les moyens exceptionnels obtenus au titre du plan de relance 2021-2022 ont permis une véritable accélération de l'action du ministère en faveur du patrimoine. Le fonds incitatif pour le maintien du patrimoine constitue une manière de travailler ensemble avec les collectivités et les régions pour soutenir des opérations, notamment dans les petites communes, pour des opérations engagées rapidement. Les budgets 2022-2023 hors crédits exceptionnels ont permis de renforcer les moyens du ministère alloués à la protection du patrimoine, avec plus de 75 millions d'euros supplémentaires en CP.
Le montant des restes à payer du programme 175 s'élève à 757 millions d'euros. Cet agrégat en hausse de 3,8 % par rapport à 2021, correspond à la reprise des grands chantiers patrimoniaux et à la montée en puissance des investissements pilotés par les DRAC. La consommation des CP en matière d'investissement étant liée à l'avancée des chantiers, le solde des CP n'est pas toujours consommé comme prévu au 31 décembre.
Les grands chantiers d'investissement font l'objet d'un pilotage fin, notamment lors des commissions ministérielles des projets immobiliers (CMPI) stratégiques qui suivent tous les dossiers supérieurs à 5 millions d'euros, les comités de gestion examinant les opérations de moindre ampleur. Les comités d'investissement réunissant les services de la direction du budget et du secrétariat général du ministère examinent quant à eux l'ensemble des crédits d'investissement du ministère. Une revue systématique des AE des années antérieures est désormais effectuée au minimum quatre fois par an.
Les 2 millions exceptionnels apportés à l'Institut du monde arabe correspondent à un budget exceptionnel venu en soutien à un nouveau projet d'aménagement pour le musée de l'IMA. Celui-ci a bénéficié d'une donation exceptionnelle de Claude Lemand et il deviendra le premier musée d'art moderne du monde arabe. Pour rappel, l'IMA n'est pas rattaché au ministère de la culture mais il relève de la tutelle des affaires étrangères.
Le plan de filière a été décisif pour accompagner la filière presse dans toutes ses mutations (économiques, écologiques, numériques) et la restructuration des imprimeries. Il s'agit de chantiers au long cours, dont certains ont bien avancé tandis que d'autres ont été retardés pour différentes raisons. La presse ultra-marine continue de nous préoccuper, car elle rencontre à la fois des difficultés communes à l'ensemble du secteur et subit en outre des contraintes propres liées au nombre plus réduit des lecteurs et des annonceurs, et des contraintes structurelles de distribution. Nous avons créé une aide au pluralisme, spécifiquement dédié à la presse IPG ultramarine, qui est dotée de deux millions par an. Elle profite aujourd'hui à sept quotidiens et autant de titres périodiques.
Le soutien aux projets de modernisation et de restructuration des entreprises de presse ultramarine est également important, à travers un taux d'aide privilégié (60 % au lieu de 40 % dans le cadre du FSDP). Ainsi, 8,6 millions d'euros ont été attribués au groupe France Antilles pour installer deux imprimeries numériques en Martinique et en Guadeloupe et imprimer sur place la presse nationale qui était jusque-là acheminée par avion depuis la métropole.
Nous avons aussi mis en place une aide exceptionnelle de 3 millions d'euros pour les éditeurs ultramarins. Ils seront également éligibles à l'aide exceptionnelle pour compenser la hausse du coût du papier. Malgré cette ambition et ce volontarisme, je suis consciente des difficultés persistantes des quotidiens ultra-marins. Nous poursuivions les concertations avec la filière pour anticiper les problèmes et réfléchir aux meilleurs moyens d'adapter nos politiques à ces territoires.
Vous m'avez également interrogé sur le rapport du sénateur Bargeton sur la filière musicale et son financement. Je n'ai pas eu encore le temps d'en discuter avec l'ensemble des parties prenantes, même si nous avons tenu une première réunion lors du Printemps de Bourges. Le sénateur Bargeton a réalisé un travail équilibré et complet, cherchant à imaginer de nouveaux modes de solidarité interprofessionnelle. Il s'agit particulièrement de parachever l'objectif d'existence du CNM créé en janvier 2020, notamment au moment où les grands enjeux de souveraineté culturelle se posent. L'ensemble de ces questions seront débattues lors des prochaines semaines, mais il existe désormais une base d'échanges précise et équilibrée.
S'agissant de la BnF, je rappelle qu'entre 2016 et 2023, les dotations ont connu une hausse de 13 % en crédits LFI. En LFI 2022, le ministère de la culture a obtenu un relèvement de 7,2 millions d'euros par rapport à 2021, dont 3 millions en fonctionnement et 4 en investissement. Cet effort a été renouvelé en LFI 2023, la BnF ayant bénéficié d'une augmentation de 8,7 millions par rapport à 2022.
Par ailleurs, le ministère accompagne en gestion certaines évolutions difficiles à anticiper lors des exercices de programmation budgétaire, comme l'allocation de crédits complémentaires en 2022, qui ont permis à la BnF d'absorber les surcoûts générés par l'inflation et le relèvement du point d'indice. Nous restons particulièrement attentifs à la réalisation des grands projets d'investissement et de sécurité au bénéfice des agents, des publics et des collections.
Nous sommes, de plus, engagés dans le chantier d'un futur centre de conservation à Amiens. Des crédits seront affectés par ailleurs aux travaux sur l'esplanade du site François Mitterrand, qui souffre depuis plusieurs années d'importants problèmes de sécurité ayant causé des accidents graves par le passé.
Ces derniers jours m'ont permis de clarifier l'avenir du Centre Pompidou. Un chantier est en effet nécessaire pour mettre aux normes cet établissement exceptionnel. Un site de relogement de la Bpi pendant les travaux a été trouvé. Pendant les cinq ans de fermeture, j'ai tenu à ce que les collections du centre circulent, que les expositions se poursuivent et que les agents continuent à travailler sur un programme ambitieux. Une centaine de projets d'exposition sont actuellement envisagés partout en France, à travers des conventions signées avec des collectivités.
Je souhaite en outre évoquer un engagement important à Massy où le Centre Pompidou va développer une « fabrique de l'art » (un centre de réserves et de programmation en Île-de-France) et au Grand Palais où nous avons décidé d'un partenariat spécifique, pour héberger quatre expositions par an pendant les années de fermeture. Celui-ci permettra de continuer à voir des collections magnifiques du Centre. Telles sont les décisions de bon sens mais construites dans le cadre d'un projet culturel de démocratisation et de circulation sur le territoire de l'ensemble des collections.
S'agissant de l'audiovisuel public, les audiences parlent d'elles-mêmes. Quatre Français sur cinq regardent les programmes de France Télévisions chaque semaine. Radio France touche chaque jour plus de 15 millions d'auditeurs. Leur rôle est plus que jamais crucial sur les missions qui les distinguent des chaînes privés, notamment leur apport à la création. Ainsi, l'audiovisuel public investit environ 500 millions d'euros pour les films, séries et fictions françaises. De même, l'audiovisuel public met l'accent sur la diffusion du sport et notamment en faveur du sport féminin et de la diversité. L'emploi et l'attractivité dans nos régions représentent aussi une préoccupation constante, comme en témoigne le studio de France Télévisions à Vandargues. En tout, l'activité de France Télévisions en France concerne 62 000 emplois sur l'ensemble du territoire.
L'offre d'information de proximité doit aussi être mentionnée. L'audiovisuel public se doit d'être au plus proche du quotidien des Français, avec le réseau France 3 et France Bleu. Sa place en outre-mer est également très importante. Le pacte de visibilité pour l'outre-mer a ainsi permis de tripler le nombre de programmes ultramarins en première partie de soirée sur France Télévisions.
Nous avions prolongé d'un an les COM après les élections pour nous laisser le temps de construire une feuille de route stratégique pour les cinq prochaines années. Cela permet de donner une visibilité requise à une stratégie que je souhaite ambitieuse sur plusieurs axes : la qualité, la fiabilité, l'impartialité de l'information et le pluralisme des points de vue. La proximité et le numérique sont particulièrement concernés, au même titre que la création. Plus globalement, il s'agit de renouveler le lien à la jeunesse, via les nouveaux programmes éducatifs Lumni et Okoo.
S'agissant du mode de financement, une mission parlementaire est en cours. Nous attendons ses conclusions au début du mois de juin et nous mènerons un débat collectif sur le mode de financement pour assurer un bon équilibre et une bonne visibilité des missions de service public, qui sont si importantes pour l'audiovisuel public.