Suppression de postes, reconversion forcée des PLP (professeurs des lycées professionnels), fermeture de sections sous statut scolaire au profit de l'apprentissage, vous ne proposez pas de réformer le lycée professionnel, vous préparez son démantèlement.
Après Jean-Michel Blanquer qui a déprofessionnalisé l'année de seconde, vous amputez et désorganisez celle de terminale. En quinze ans, la droite que vous incarnez aura fait passer le bac pro de quatre à une année de spécialisation professionnelle. Cette entreprise de déqualification n'a pas de précédent. Elle annonce une perte de savoir irréparable, dont nous paierons le prix collectivement. Elle fragilisera les futurs salariés en diminuant leur niveau de maîtrise professionnelle.
Votre politique est ainsi doublement coupable.
Coupable vis-à-vis de la jeunesse populaire de notre pays : à l'assignation sociale, vous ajoutez le déterminisme territorial, en soumettant son avenir aux seuls besoins immédiats des patronats locaux. Vous projetez ainsi d'ouvrir des bureaux des entreprises au sein même des lycées, en contravention complète avec le principe de neutralité du service public, qui interdit tout prosélytisme marchand au sein des établissements scolaires.
Coupable, votre politique l'est également vis-à-vis de notre avenir commun. La crise climatique est là. Elle exige de faire bifurquer nos modes de production dans l'industrie, l'énergie, le bâtiment et les métiers de la mer. Le lycée professionnel pourrait être un formidable levier de transition, mais en soumettant l'offre de formation aux intérêts privés, vous empêchez tout pilotage planifié tourné vers la satisfaction de nos besoins d'intérêt général. En cela, votre projet s'encastre dans la politique d'un Gouvernement qui a annoncé il y a quelques jours se résoudre à accompagner une hausse de quatre degrés du climat d'ici à 2100.
Je ne vous interrogerai donc pas sur les détails de votre projet de destruction. Après onze 49.3 en onze mois, je n'ai qu'une question : laisserez-vous notre assemblée légiférer ou entendez-vous, à nouveau, imposer au pays votre politique, sans la soumettre au vote des députés ?